Fille dévouée des époux Chirac, Claude apparaît aujourd'hui comme la cheffe naturelle de ce clan hautement politique. Très proche de ses parents, elle demeure moins connue du grand public. Fut un temps pourtant, on parlait presque plus d'elle que de sa mère, Bernadette...
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Elle est "la fille courage" et la "discrète gardienne de l’image de son père", assure Le Parisien. C’est à elle que l’on doit des obsèques sans récupération politique, après le décès de son père, Jacques Chirac. Claude, qui n’a pas su retenir ses larmes lors de l’ultime hommage rendu en Corrèze, est la cadette d’un clan qui aura marqué la Vème République. Pourtant, elle a un temps aspiré à un avenir des plus différents. "Enfant, Claude Chirac a dû faire face à des épreuves particulièrement difficiles. Avant que son père ne prenne la mairie de Paris, elle aurait aimé mener une existence d'adolescente lambda, insousciente, loin des projecteurs, comme ses amies de classe, Christine et Anne. Pas facile d'être la fille du Premier ministre, puis du président ! ", explique Jocelyne Sauvard, écrivaine, romancière, journaliste et biographe. Elle a notamment écrit Jacques et Bernadette une histoire d’amour, publié aux éditions l’Archipel.

Fille de président, conseillère en com’… Qui est vraiment Claude Chirac ?

"Leur famille a toujours été très unie : Jacques, Bernadette, Laurence et Claude entretenaient des liens très forts. Aujourd’hui, Claude veille sur sa mère", souligne encore Jocelyne Sauvard

Connue notamment pour avoir conseillé son père sur tous les sujets qui touchent à la communication, Claude Chirac était très proche de l’ancien président de la République. Elle l’a épaulé et suivi durant une partie considérable de son ascension. "C’est après son voyage chez Line Renaud, amie historique du couple, que Claude commence à s’intéresser à la communication", rappelle la journaliste.

Aujourd’hui, et depuis 2012, la cadette du clan est la présidente de la Fondation Chirac. Elle est aussi la mère de Martin-Rey Chirac, petit-fils de l’ancien chef d’Etat, et l’épouse de Frédéric Salat-Baroux. Tous deux étaient présents lors du dernier hommage.

"Si elle est notamment connue pour sa discrétion, il faut rappeler que Claude Chirac a aussi su s’affirmer. Elle a commencé à conseiller son père dès 1989, année à laquelle elle rejoint sa permanence politique. A l’époque, il est encore maire de Paris", note encore la romancière.

Claude Chirac, une femme de l’ombre qui a failli évincer Bernadette ?

"A bien des égards, Claude était le femme derrière Jacques Chirac. Une situation qui n’est pas sans blesser sa mère, Bernadette", pointe Jocelyne Sauvard. "C’est en 1995, quelques mois avant l’élection présidentielle. Claude étant la directrice de communication de son père, Bernadette s’est sentie hors jeu par rapport à son mari, mais cela s'est réglé. Elles ont collaboré pour le faire changer  de look et d'image en lui proposant un coach sportif  et  un style vestimentaire moins strict", poursuit la biographe.

Le fait est que, depuis qu’elle a commencé à conseiller Jacques Chirac, Claude multiplie les initiatives. En week-end, par exemple, elle impose le jean à son père. "D’une façon générale, la cadette du clan s’attaque à tous les pans de la communication du futur locataire de l’Elysée. Elle a aussi voulu relooker sa mère, la rendre plus rock’n’roll, mais on ne peut pas dire que Bernadette ai beaucoup apprécié", se souvient la journaliste, qui souligne les  "méthodes très américaines de Claude Chirac".

"En 2005, après l’AVC de Jacques Chirac, Claude veille sur lui comme on veille le lait sur le feu. C’est elle, encore, qui le protège du système médiatique français et s’assure qu’il ne soit pas importuné par les journalistes. Elle produit et fournit des textes rassurants concernant son état de santé", analyse la romancière, autrice de Jacques et Bernadette une histoire d’amour, pour qui le rôle de la cadette dans le fonctionnement de la famille est capital.

Claude Chirac : une vie jalonnée d’épreuves ?

"Il n’y a aucune raison de le nier, cela a été le drame de ma vie", déclarait Jacques Chirac, en 2007, à propos de sa fille Laurence. Morte en 2016, l’aînée du couple présidentiel souffrait d’anorexie mentale

Un passage qui ne fut pas seulement difficile à vivre pour Jacques et Bernadette Chirac, mais aussi pour Claude. "Les filles sont en vacances en Corse, avec leur mère, quand Laurence tombe malade. A l’époque, elle souffre seulement d’une méningite, mais Bernadette et Jacques paniquent considérablement. L’homme d’Etat, alors Premier ministre, la fait rapatrier en urgence. Malheureusement, la jeune fille sera mal soignée. C’est plus tard qu’elle sera frappée d’anorexie et inquiétera plus encore ses proches", explique la biographe.

"Claude, la bien-portante, vit mal la situation : elle est très angoissée pour sa sœur et quand bien même ses parents cherchent à cacher leur anxiété, elle les voit parfois pleurer. Par ailleurs, parce qu’elle va bien, elle est contrainte à gérer tout cela dans une certaine forme d’isolement. Elle n’a plus droit à tant d’attention de la part de ses parents", poursuit l’écrivaine. "Comme ses parents, Claude a souffert de la l'état de santé de sa soeur, Laurence. Pudique, elle ne s'est pas exprimée sur sa douleur. L'indiscrétion, pas le genre de la famille!". 

C’est loin d’être la seule tragédie que Claude Chirac a dû affronter. Elle fut veuve dès ses 30 ans. "Son premier époux, Philippe Habert, est mort en 1993. C’est son père, Jacques Chirac, qui les avaient mariés avant une cérémonie à l’église Saint-Sulpice", détaille la Jocelyne Sauvard. Longtemps, les enquêteurs ont pensé à un suicide. Une piste que réfute sa mère. "S’il avait voulu partir, il m’aurait laissé un mot", a-t-elle déclaré, avant d’ajouter : "Il n’y avait rien que j’ignorais de Philippe et que lui ignorait de moi. On se téléphonait cinq à six fois par jours et vous croyez qu’il serait parti sans rien me dire ?", interroge-t-elle. Non sans insister puisque, avant son décès, son fils lui aurait assuré avoir la vie devant lui.