Chômage : le Pôle Emploi n'accompagnera plus qu'un chômeur sur deuxWikimedia / Lulu97417abacapress
C'est une restructuration drastique de sa politique et de l'organisation du Pôle Emploi qu'a présenté dernièrement Jean Bassères, PDG de l'établissement. Un remaniement tripartite, qui verra à terme les conseillers se concentrer sur un chômeur sur deux seulement. Explications.

Alors que le chômage n’en finit plus de battre de nouveaux records, le Pôle Emploi, croûlant sous les dossiers, n’a eu d’autre option que de modifier son organisation. Avec près de 5 millions de demandeurs d’emploi, auquels s’ajoutent les presque 800 000 nouveaux inscrits, c’est dans une véritable impasse que se trouve l’institution, qui voit nombreux de ses 20 500 conseillers contraints de gérer simultanément 300 dossiers dont les exigences fluctuent. Une saturation doublée d’un manque de hiérarchisation jugés à l’origine du manque d’efficacité et de résultats de l’institution. C’est donc dans un soucis de désengorgement substantiel qu’ont donc été établis trois degrés d’accompagnement, chacun étudié et conçu de façon à aider au mieux les demandeurs d’emploi. 

Projet "Pôle Emploi 2015"

Les objectifs de la réforme sont simples : parvenir, d’ici 2015, à hierarchiser en trois catégories les dossiers à traiter en fonction de leur degré d’urgence et de l’autonomie du demandeur d'emploi. 

La première se consacrera aux chômeurs jugés les moins autonomes et dont la durée d’inactivité s’étend conséquemment en longueur. 133 000 dossiers, soit 6% du nombre total, appartenant pour la plupart aux catégories A et B (travaillant de 0 à 78 heures par mois) bénéficieront donc d’un accompagnement renforcé, au moyen d’un suivi personnalisé. Les 3000 conseillers attitrés verront dans cette optique le nombre de leurs dossiers réduit sensiblement, avec un maximum de 70 cas à traiter, afin d’optimiser leurs emplois du temps. 

Le deuxième degré concernera quant à lui 1,3 millions de personnes, soit 55% du nombre total d’inscrits. Avec un maximum de 150 dossiers par conseiller, ceux-ci, au nombre de 12 400, pourront offrir un suivi sporadique mais néanmoins régulier aux demandeurs d’emploi, afin de les soutenir dans les moments clés de leur infortune. 

Finalement, le troisième degré s’adresse aux inscrits dont la durée d’inactivité et le potentiel d’employabilité laisse transparaître une certaine autonomie. Ne nécéssitant pas un suivi aussi poussé, ces quelques 934 000 dossiers – 39% du nombre total d’inscrits – pour profiter d’un suivi exclusivement téléphonique et postal effectué par les 5100 conseillers attitrés, soit de 200 à 350 cas par employé. 

Un progrès sur le long terme 

Bien que ce programme de désengorgement paraisse visiblement cohérent, l’analyse des chiffres laisse néanmoins apparaître les conséquences d’une telle restructuration, et souligne sévèrement les faiblesses de l’Etablissement. En cause notamment, un sous-effectif dû à un manque de moyens avéré amenant une regrettable conclusion : en se réformant de la sorte, c'est-à-dire en instaurant différents échelons de priorité qui verra grand nombre d'inscrits bénéficier d'une suivi exclusivement à distance, le Pôle ne pourra désormais plus se consacrer qu’à 1 demandeur d’emploi sur 2. Une stratégie de prévalence de la qualité sur la quantité qui, espérons, apportera ses fruits. 

Néanmoins, c’est une amélioration sur tous les plans qu’annonce Jean Bassères, le PDG de l’institution, en annonçant notamment, comme le rapporte LesEchos.fr, la création de 2000 nouveaux emplois destinés à appuyer les équipes déjà en place au sein de 902 agences quadrillant le pays. Le premier niveau d’accompagnement réside par ailleurs parmis les priorités du Président, qui affirme que le nombre d’accompagnateurs sera "amené à monter progressivement en charge" et souligne les progrès "très importants" accomplis par le Pôle au cours de cette dernière année. Reste à espérer que cette nouvelle stratégie viendra épauler une relance économique désespérément attendue. 

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