Copropriété : ces campagnes publicitaires qui se moquent des syndics© Matera
Alors que les critiques à l'égard des syndics sont courantes, une start-up a décidé de les exposer en tournant les différents griefs à la dérision. Une initiative que les professionnels ne semblent pas apprécier. Une action en justice a été lancée.

Une campagne de publicité dit humoristique, pour "créer un électrochoc". Face aux tarifs élevés, au fonctionnement opaque ou encore à la non récativité des syndics, la société Illicopro, créée en 2017, a voulu "taper fort". "Nous souhaitions créer un électrochoc sur la base des reproches que nos clients font à propos de leur ancien syndic", explique Raphaël di Meglio, cofondateur de Matera au Figaro.

L’entreprise, qui prône un "syndic libre", a ainsi diffusé quatre affiches dans la presse ou dans le métro :

1. Le temps d’attente au téléphone 

1. Le temps d’attente au téléphone © Matera

2. Le manque de réactivité des syndics pour réparer un ascenseur

2. Le manque de réactivité des syndics pour réparer un ascenseur© Matera

3. La fuite d’eau

3. La fuite d’eau© Matera

4. Le chauffage en panne

4. Le chauffage en panne© Matera

La start-up, qui se veut être une alternative collaborative aux syndics, propose un logiciel intuitif pour aider les copropriétés à s’autogérer. "Aujourd’hui en France, les copropriétés ont le choix de passer par un syndic professionnel ou un syndic bénévole. Nous sommes basés sur ce deuxième modèle", expliquait en 2017 Raphaël Di Meglio, cofondateur de Illicopro au Figaro.

Une campagne "dénigrante" selon l’Unis

L’Union des syndicats de l’immobilier (Unis) voit dans cette campagne un "dénigrement" des syndics de copropriété.

"Les syndics se sentent injuriés. C’est une campagne “place publique” d’opportunité liée au changement de nom de la société et à la tenue d’ici fin juin d’assemblées générales de copropriétés", dénonce Géraud Delvolvé, délégué général de l’Unis.

Le syndicat incrimine Matera d’exercer illégalement la profession de syndic. Ils alertent d’ailleurs les copropriétaires sur le fait que la société "propose une offre qui n’est pas le mandat-type réglementaire de syndic et risque de tromper les consommateurs". Une allégation que réfute Raphaël di Meglio : "Nous ne prétendons pas être un syndic mais un prestataire de services sous contrat avec les copropriétaires qui forment ce syndic. Nous exerçons une activité parfaitement légale qui concerne 20% des copropriétés en France".

L’entreprise, sous contrat avec 25 000 copropriétaires (au 31 janvier 2020, NDLR), assure que son rôle est de "les aider à prendre les meilleures décisions pour réduire leurs charges et à terme de ne plus avoir à passer par un intermédiaire". "La rente que constitue parfois l’activité de syndics traditionnels ne doit pas verrouiller le secteur au détriment des consommateurs et de la qualité de service", déclare Raphaël di Meglio dans les colonnes du quotidien.

Pourtant, selon l’Unis, 72% des copropriétaires déclarent être satisfaits de leur syndic (sondage Ipsos d’octobre 2019). Le syndicat entend par ailleurs attaquer en justice la société Matera. "Dès que les copropriétaires sont mis en face d’offres comparatives biaisées, le devoir de l’Unis est d’agir", martèle Géraud Delvolvé. La justice devra en décider.