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Son livre n'a pas fini de faire parler. Ségolène Royal dénonçait récemment le sexisme et la misogynie qui frappent le milieu politique… Et citait des noms. Ces derniers n'ont que peu apprécié son initiative…
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Ségolène Royal : confrontée au sexisme et à la misogynie, elle dénonce

Le 31 octobre 2018, Ségolène Royal lançait un véritable pavé dans la marre. Un pavé qu’elle a intitulé Ce que je peux enfin vous dire, et publié aux éditions Fayard. Dans son ouvrage, l’ancienne ministre de l’écologie dénonce les nombreuses violences sexistes qu’elle a subi ou constaté, au cours de son parcours politique.

Un pan considérable d’entre elles ont d’ailleurs été perpétrées par des ministres avec lesquels elle a du travailler. Y compris dans des cadres publics et très officiels comme lors d’un sommet franco-italien à Venise, rappelle Femme Actuelle, qui a pu consulter les récits du livre. "Celle là, elle doit être bonne à faire autre chose que de la politique", déclarait à l’époque un des ministres français à l’égard d’une homologue italienne qui tenait la tribune…

Plus récemment encore, Ségolène Royal a accepté de dévoiler quelques uns des noms qu’elle avait préféré taire dans son livre. Dans une interview accordée à l’édition papier de Marie Claire, elle pointe du doigt Bernard Cazeneuve, qui fut ministre de l’Intérieur puis chef du gouvernement sous François Hollande, Michel Sapin, installé à l’Economie et aux Finances, ainsi que Jean-Marie Le Guen, le secrétaire d’Etat chargé du Développement de la Francophonie.

Ségolène Royal, une femme "malveillante" et "méchante" ?

Après avoir recueilli les propos de Ségolène Royal, Marie Claire – dont les informations sont relayées par Closer – s’est empressé de contacter les intéressés. Ils ont rendu coup sur coup, n’hésitant pas à taxer leur ancienne collègue de misogynie elle-même.

"Je refuse d’entrer dans une telle polémique. Je vois dans ces propos que je dément évidemment, de la malveillance et de la méchanceté", lance Bernard Cazeneuve. Michel Sapin, pour sa part, refuse simplement de rebondir : il assure ne pas savoir ce qui lui est reproché. "Difficile donc de réagir ! Et l’anonymat de son écriture n’aide pas à la vérité", explique-t-il juste au sujet de la candidate malheureuse à l’élection présidentielle de 2007.

"Ségolène passe son temps à dénoncer une classe politique dont elle ne fait que profiter depuis quarante ans. Elle est plus misogyne que bien des hommes politiques, demandez à Martine Aubry ou Anne Hidalgo ce qu’elles pensent d’elle", s’agace Jean-Marie Le Guen, non sans ajouter qu’elle devrait "quitter la scène" politique…

Ségolène Royal : pourquoi elle n’a pas répondu plus tôt aux attaques

Tout le long de la campagne présidentielle qu’elle a mené en 2007, Ségolène Royal a du se battre contre deux adversaires : Nicolas Sarkozy, certes, mais aussi son propre camp. Comme le précise le magazine people Gala, elle a du faire face à l’hostilité de nombreux hommes issus de sa formation politique. Laurent Fabius, DSK ou même François Hollande… Ils n’acceptaient pas qu’elle ait été investie par la base militante du parti.

"Dans mon camp, les hommes ne supportaient pas que ce soit moi qui ai gagné l’investiture. Alors que j’avais les mêmes diplômes qu’eux, que j’avais plus d’expérience politique qu’eux. Mais j’étais décrite comme une femme venant de nulle part" ; raconte Ségolène Royal aux micros de TéléLoisir.

"Pourquoi n’ai-je pas dit à ces messieurs : ‘Ou vous me soutenez, ou vous quittez ma campagne’", s’interroge-t-elle dans les mêmes colonnes. "Y compris à mon propre conjoint qui ne m’a pas soutenue pendant la campagne et qui en plus me trompait…", poursuit-elle.

Cependant, le choix de Ségolène Royal était motivé par plus d’une raison : d’abord le machisme systémique qui sévit sur le monde politique. "Un homme aurait dit quelque chose, mais une femme a toujours peur d’être considérée comme coupable avant d’être victime. Si j’avais fait acte d’autorité, ça aurait été un déferlement d’attaque", estime l’ancienne candidate. Avant d’expliquer avoir voulu protéger les siens. "J’avais encore 4 enfants à élever qui subissaient déjà l’exposition de leur mère. Si en plus j’avais ajouté à ça la crise d’un couple, je ne sais pas comment ils s’en seraient sortis…"