La descente aux enfers d'une femme séquestrée par son ex-belle mèreIllustrationIstock
Une trentenaire a été recluse de force dans une maison située à Saint-Raphaël pendant cinq ans. La femme, orpheline à l'âge de huit ans, n'a pas eu la vie facile et cela a commencé, dès son enfance.
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Un matelas, un banc et un unique repas quotidien ! Une jeune femme du nom d'Aurélie a été enfermée par sa belle-mère dans une résidence située à Saint-Raphaël durant cinq ans. Marie-Anne H., géôlière ponctionnait les revenus de celle qu'elle avait recluse dans sa demeure.

Le dimanche 17 novembre 2019, Aurélie a réussi à échapper à la sexagénaire en passant par la fenêtre. Elle a ensuite été retrouvée par un couple d'automobilistes en bordure de forêt, rapporte Le Parisien. Puis, elle a révélé avoir été séquestrée par sa belle-mère des années durant, lors de son dépôt au commissariat.

Les voisins, stupéfaits, ignoraient que la femme de 31 ans vivait emmurée dans cette maison de 100 m². Comment cela a-t-il pu arriver ? 

Aurélie, deux fois orpheline tombe amoureuse du fils de Marie-Anne H.

Aurélie est née dans le nord de la France et a eu une enfance très mouvementée. En effet, à l'âge de huit ans, elle perd ses parents puis deux ans après, ses parents adoptifs. Elle vivra par la suite avec ses oncles et tantes dans le Var.

Quelques années plus tard, Aurélie entame une relation avec l'un des quatre fils de Marie-Anne H. et s'installe même sous leur toit à Saint-Raphaël. En 2009, un petit garçon naît de cette union. La grossesse n'étant pas forcément prévue, le jeune couple finit par se séparer. 

Vivant encore dans la demeure, Marie-Anne H. réussit à convaincre sa belle-fille de lui confier le bébé. La grand-mère obtient ensuite l'adoption du garçon alors que les deux parents sont vivants. 

À l'époque, Aurélie a encore une vie sociale. "Elle travaillait dans un restaurant du nouveau port de Saint-Raphaël", déclare un ami de la famille dans un autre article du Parisien

Une emprise psychologique sur toute la famille

Petit à petit, l'emprise de la sexagénaire sur sa belle-fille va progressivement s'étendre. Dans un témoignage livré à Var-Matin, une proche de la famille, Yasmina, relate : "Elle pouvait seulement prendre sa voiture pour aller travailler […] Mais ensuite, c'est sa belle-mère qui l'amenait et la raccompagnait du travail. Parce qu'elle avait le culot de discuter avec ses collègues une fois le boulot terminé".

La femme ajoute que c'est sa belle-mère qui l'aurait obligé à quitter son poste : "Elle est devenue la boniche", déplore-t-elle.

"Tout le monde est sous son emprise. Ses fils et tous ceux qui s'approchent d'eux. Elle est manipulatrice, elle a un véritable pouvoir sur les gens. C'est elle qui décide de tout pour tout le monde : à quelle heure il faut manger, quand prendre sa douche, qui fréquenter, que regarder à la télévision. Personne ne travaille, tout le monde doit vivre avec la communauté", dénonce Yasmina.

Au moment de sa fuite, cela faisait entre un et deux ans que la victime vivait dans une pièce seulement équipée d'un matelas et d'un banc. Elle y passait "visiblement ses journées à regarder des films sur une tablette", a annoncé le magistrat.

Une enquête avec de nombreuses zones d'ombre

"Ses enfants sont effondrés", rapporte un homme qui a pu les joindre depuis l'interpellation de la sexagénaire. "On est dans le brouillard", a même confié l'un d'eux au Parisien. Pourtant, d'après d'autres éléments, Aurélie aurait tenté de s'enfuir une première fois et c'est l'un des fils de Marie-Anne H qui l'en aurait empêchée, la forçant à rester. 

Mise en examen mercredi pour "séquestration, abus de faiblesse, violences volontaires habituelles sur personne vulnérable et soumission d'une personne vulnérable à des conditions d'hébergement indignes", la belle-mère a globalement reconnu les faits devant la juge d'instruction. 

Elle a été incarcérée jeudi 21 novembre 2019 dans un quartier de femmes de la prison des Beaumettes, à Marseille (Bouches-du-Rhône). 

Ce lundi, un juge a confirmé son placement en détention provisoire et l'enquête ne s'arrête pas là. En effet, d'autres membres de la famille pourraient être mis en cause s'il s'avérait qu'ils avaient connaissance de la séquestration menée sur la trentenaire et n'avaient rien fait pour lui venir en aide.