Pendant un an, Benoît O. et cinq autres policiers ont multiplié les délits, passant de l'autre côté, celui des malfaiteurs. Le chef du groupe raconte au Parisien ses motivations.

Il s’appelle Benoît O. et a 36 ans, dont dix passés à la Brigade anticriminalité (BAC). Il a même été décoré des médailles du courage de bronze et d’argent de la police nationale. Et pourtant, ce policier et cinq autres personnes ont été mis en examen au printemps dernier pour des faits d’association de malfaiteurs en vue de la préparation du délit de trafic de stupéfiants, vol en réunion ou encore violences volontaires.

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"En matière de stupéfiants, entre 70 et 80 % des procès-verbaux en France sont faux"

De ces six policiers du commissariat de Stains (Seine-Saint-Denis), Benoît O. a bien voulu se confier auprès du Parisien, pour se "défendre publiquement". Il affirme avoir agi de la sorte pour faire "des belles affaires" et avoir toujours eu le soutien de sa hiérarchie.

L’homme de 36 ans raconte qu’il n’a pas eu le choix d’avancer à la limite de l’illégalité, notamment pour des faux en écriture, car cela aurait servi à arrêter des dealeurs. "En matière de stupéfiants, entre 70 et 80 % des procès-verbaux en France sont faux et tout le monde le sait dans la police !", explique-t-il au quotidien. "Le système fonctionne comme ça et personne ne dit rien. C'est juste de l'hypocrisie. Après, notre tort est d'avoir voulu trop en faire. On ramenait des affaires de folie mais qui n'étaient pas des affaires de BAC, mais plutôt de police judiciaire.", renchéri-t-il.

"Mes chefs nous félicitaient avec des bouteilles de champagne !"

Il avoue également avoir divulgué des informations en violation du secret professionnel. "Quand mon voisin veut acheter une voiture et qu'il me demande si elle est « clean », je vérifie en la passant aux fichiers des immatriculations, par exemple. Certes, c'est une violation du secret professionnel mais, je suis désolé, je ne voulais simplement pas que les gens autour de moi se fassent escroquer.", plaide-t-il.

Quoi qu’il en soit, Benoît O. ne renie pas ses actions. "Je ne regrette pas ce que j'ai fait. Il y aura toujours des modes opératoires qui seront «  borderline », avoue-t-il. Mais on a envoyé de vrais bandits en détention. Mes chefs nous félicitaient avec des bouteilles de champagne !"

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