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C'est l'un des engagements pris par l'exécutif : mettre un terme aux avantages à vie dont disposent les anciens Premiers ministres. Moins importants que ceux des ex-présidents, ils n'en demeurent pas moins conséquents...
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Les luxueux avantages des anciens Premiers ministres : vers une suppression définitive ?

En France peut-être plus qu’ailleurs, il fait bon avoir été président de la République. Le statut offre droit à de nombreux privilèges qui vont de l’appartement de fonction à la gratuité des transports sur les réseaux français. Toutefois, ils ne sont pas les seuls à profiter de luxueux avantages. C’est également le cas de leurs (parfois) multiples chefs et cheffe de gouvernement, quoique l’exécutif actuel se soit engagé à faire évoluer la situation.

Les anciens Premiers ministres peuvent en effet prétendre à un certain de nombre de faveurs, issues du précédent exercice de leur mission au service de la République. Du moment où ils quittent Matignon, et durant tout un trimestre, ils continuent à percevoir leurs indemnités rappelle Capital. Soit une rente de 14 910 euros bruts mensuels.

En outre, ils peuvent disposer de deux agents qui sont mis à leur service à vie. Parmi eux, un garde du corps ainsi qu’un chauffeur attitré et, nécessairement, un véhicule de fonction. Un dispositif qui coûte d’autant plus cher que les anciens Premiers ministres sont plus nombreux que les anciens présidents de la République. Le seul remplacement des véhicules de François Fillon, Edouard Balladur et Michel Rocard, en 2014, avait coûté pas moins de 89 000 euros…

Actuellement, 11 anciens Premiers ministres bénéficient encore de ces avantages, rappelle BFMTV. Cela vaut également pour celles et ceux qui n’ont occupé le poste que quelques mois, comme Edith Cresson ou Bernard Cazeneuve. Outre ces deux personnalités, Laurent Fabius, Edouard Balladur, Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin, Dominique de Villepin, François Fillon, Lionel Jospin, Jean-Marc Ayrault et Manuel Valls profitent encore de ces avantages.

C’est dans ce contexte qu’intervient la décision d’Edouard Philippe : le Premier ministre d’Emmanuel Macron veut mettre un terme au caractère définitif de ces privilèges. Il souhaite "faire en sorte que les moyens qu’on attribue aux anciens Premiers ministre ne soient pas accordés à vie mais pendant dix ans". "Vous allez me dire que c’est trop, moi je vous dis que ces mieux qu’avant", a-t-il asséné, mi février. Depuis son cabinet a détaillé les modalités d’application de la mesure.

"Edouard Philippe devrait communiquer en ce sens après la clôture du Grand débat", explique Matignon dans les colonnes du journal spécialisé Capital. Le mensuel précise d’ailleurs que la restriction prévue devra faire l’objet d’une "mesure réglementaire". Pas d’informations précises en revanche, sur les réels concernés : le texte visera-t-il Edouard Philippe et ses successeurs ou l’ensemble des ex-Premiers ministres vivants ?

Avantage des anciens premiers ministres : une pratique qui n’est pas réglementée par la loi ?

"En réalité les avantages dont bénéficient un ancien Premier ministre relèvent d’une tradition, mais pas de textes légaux", rappelait l’historien politique Jean Garrigues dans les colonnes de France Info en septembre 2018. "Le cas spécifique de Manuel Valls qui sera en campagne en Espagne et qui reviendra en France, pose la question de cette tradition", poursuit-il. Pour autant ce que fait l’ancien Premier ministre demeure "a priori légal".

Selon l’historien, cette tradition illustre "le caractère monarchique de notre présidence sous la Vème République", quand bien même il n'estime "pas complétement anormal" qu’une protection soit assurée pour un ancien Premier ministre. "Ce sont des pratiques qui n’existent pas dans les autres grandes démocraties", souligne-t-il cependant, non sans juger important de s’inspirer d’un "système qui ressemble aux démocraties exemplaires de l’Europe du nord".