Epargne : pourquoi l’argent des Français accumulé durant le confinement n’est pas près de circuler à nouveauIllustrationIstock
Taux bas, protection, climat économique incertain… Si, d'après l'OFCE, 75 milliards d'euros auraient dû être dépensés depuis la mi-mars, plusieurs raisons poussent les Français à conserver leurs économies.
Sommaire

Au grand dam du gouvernement et du marché économique, la consommation ne redécolle pas comme attendu. Malgré une légère reprise après le confinement, les Français achètent beaucoup moins, et économise toujours beaucoup. L’exécutif craint d’ailleurs la non-circulation des sommes amassées. D’après l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), 75 milliards d'euros auraient dû être dépensés depuis la mi-mars. Jusqu’à 100 milliards d'euros pourraient même être épargnés d'ici la fin 2020, d’après les estimations de Philippe Crevel, économiste et directeur du Cercle de l'épargne.

Recours au compte courant en nette hausse (+28% chez BPCE, +27% à la BNP), placements massifs sur les livrets d’épargne réglementés malgré les faibles taux… Par prudence, les Français ne cessent d’épargner. Au premier semestre, 20,41 milliards d’euros ont été versés sur le Livret A, contre seulement 11,57 milliards d'euros en 2019, à la même période.

Epargne : une habitude culturelle

Comme nous le confiait en mai dernier Karl Toussaint du Wast, cofondateur de netinvestissement.fr, "les Français sont de très gros épargnants, à l’image de leur réflexe historique, habituel et culturel en France. Leur extrême prudence vient toutefois du fait de leur méconnaissance du marché financier".

Conséquence, "cette absence de culture financière - liée à l’éducation- a engendré des collectes historiques sur les livrets d’épargne de précaution (Livret A et LLDS), totalement inutiles économiquement et en termes de rendement (O,5% annuel)", nous avait-il précisé.

De son côté, Philippe Crevel précise au Figaro que "le taux d'épargne grimpe depuis plusieurs années". S’il atteignait environ 13% avant la crise, il dépasse désormais les 20%.

Epargne : une réelle aversion au risque

Selon l’économiste, "depuis le début des années 2000, à chaque crise, les Français conservent toujours un peu plus d'argent liquide et on ne revient jamais au niveau initial. Il y a une vraie aversion au risque. On craint la prochaine crise, alors on met de l'argent de côté", analyse-t-il.

Risque réel de seconde vague, reconfinement possible, chômage… Le climat incertain des prochains mois n’est pas près de renverser la situation. Les foyers français se constituent donc une épargne de précaution, et ne sont pas prêts à mettre leurs économies en danger.

Epargne : la technique du gouvernement pour inciter à la consommation

La mise en application du plan de relance du gouvernement va se jouer sur la confiance. Diverses mesures visant à booster le pouvoir d’achat des ménages ont d’ailleurs été votés le 31 juillet dans le 3ᵉ projet de loi de finances rectificative pour 2020 : prime Macron, déblocage anticipé de l’épargne salariale, dons familiaux facilités…

Pour l’heure, il reste toutefois difficile de déterminer si la consommation reprendra ou non à la rentrée.

Quant au recours massif aux comptes courants, ils sont dus aux taux bas, qui endorment l’argent.

Epargne : incertitude des marchés financiers et taux bas

Les produits jugés attractifs se faisant rares, nombreux sont ceux à se demander la réelle nécessité de placer leur argent. L'incertitude des marchés financiers limite d’autant plus la prise de risque et le placement en Bourse.

Pourtant, selon Karl Toussaint du Wast, il est dans l’intérêt de l’investisseur de "se tourner vers les unités de compte, plus que jamais. La probabilité de performer de manière significative à l’échéance de 3 à 5 ans est en effet conséquente. Avec le niveau actuel des marchés (très bas), si vous vous donnez ce temps, il y a 99% de chances que les performances se situent à 10%, 20% ou 30% de gains. En comparaison, un fond euros ne vous rapportera qu’entre 0 et 1%", nous indiquait le gestionnaire de patrimoine.