Mort de Vanille : la fillette a été tuée le jour de son anniversaireIllustrationIstock
Le corps de la petite Vanille, un an, a été retrouvé dans une benne à vêtements d'Angers. Selon le procureur de la République, la mère avait décidé "de donner la mort à son enfant" dès le mois de décembre.
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Le geste était prémédité. Deux jours après la découverte du corps de la petite Vanille, un an, dans une benne à vêtements d’Angers (Maine-et-Loire), on en sait plus sur les motivations de sa mère, qui a reconnu l’avoir tuée. Lors d’une conférence de presse lundi 10 février, le procureur de la République d’Angers a expliqué que Nathalie Stephan avait décidé "de donner la mort à son enfant" le 3 décembre. Ce jour-là, elle avait appris qu’elle devrait quitter le centre maternel de la ville, où elle était hébergée. "Elle s’est dit qu’elle ne verrait plus sa fille, que celle-ci n’aurait plus personne et que sa seule solution était de la tuer", a précisé le procureur.

Elle est passée à l’acte deux mois plus tard, vendredi 7 février, jour de l’anniversaire de sa fille. Les faits présentés "relèvent de la qualification juridique d’assassinat", a ajouté le procureur.

Mort de Vanille : "Elle ne s’est jamais effondrée en pleurs"

La garde à vue de cette trentenaire, qui a débuté dimanche, s'est terminée ce mardi 11 février dans la matinée. Selon les informations de BFMTV, elle va être présentée à un juge et le parquet a requis son placement en détention provisoire. D’après les informations du Parisien, Nathalie Stephan aurait expliqué aux enquêteurs avoir étouffé sa fille en utilisant du scotch et ses mains alors qu’elles se trouvaient toutes les deux dans un parc d’Angers. Elle aurait ensuite déposé le corps de sa fille dans une benne à vêtements afin que celui-ci soit rapidement découvert. Âgée de 39 ans, la mère de Vanille est décrite comme psychologiquement instable. Citée par le quotidien francilien, une source proche du dossier explique : "La mère n’a pas utilisé le terme de tuer. Elle a expliqué qu’elle a fait partir sa fille. Elle ne s’est jamais effondrée en pleurs et a raconté les faits de manière froide et mécanique, sans que l’on sache si elle avait vraiment conscience de la portée de son geste". D’après Le Parisien, elle n’aurait exprimé aucun regret.

Nathalie Stephan était hébergée depuis un an dans le centre maternel d’Angers, qui accueille les femmes enceintes et les mères isolées en difficulté. Sa fille Vanille était confiée à une famille d’accueil depuis sa naissance, mais elle pouvait la voir occasionnellement. Vendredi 7 février, elle devait ramener la petite Vanille à 17h30 à sa référente de l’Aide sociale à l’enfance, ce qu’elle n’a pas fait. C’est cette absence qui a permis le déclenchement de l’alerte enlèvement 24 heures plus tard. Désormais, certains critiquent ce laps de temps.

Mort de Vanille : "La maman a caché ce plan"

Alors que le scénario du drame se précise, certains s’interrogent sur une possible négligence de l’Aide sociale à l’enfance. "La maman avait prévu un plan, a caché ce plan et a aussi dissimulé sa situation réelle", a expliqué le procureur de la République d’Angers. Selon lui, elle se trouvait dans "une situation de désœuvrement, d’isolement complet et de refus aussi de son départ du centre maternel". "Entre le 3 décembre et le 7 février, aucun signe ne nous permettait de penser que ce passage à l’acte était envisagé par la maman. Au contraire. Les éducateurs décrivent une évolution positive d’une maman qui s’investissait de plus en plus dans le lien (…) et qui avait rassuré les personnes qui l’encadraient", a précisé le magistrat lors d’une conférence de presse.

Selon Christian Gillet, président du département de Maine-et-Loire, ses services n’ont fait preuve d’aucune négligence car "ils ont suivi toutes les procédures". "Nul ne pouvait prédire une telle issue", a-t-il ajouté, évoquant un drame "hélas imparable". Jusqu'à ce geste, Nathalie Stephan aurait eu un parcours de vie compliqué.

Mort de Vanille : l’existence compliquée de sa mère

Selon le président du département de Maine-et-Loire, Nathalie Stephan a eu "un parcours très particulier". Venue d’une famille de trois enfants, elle vivait avec ses deux frères et ses parents handicapés et avait elle-même été placée auprès de l’Aide sociale à l’enfance lorsqu’elle avait 16 ans. Comme l’explique Le Parisien, la trentenaire est mère d’une autre fille, Ilona, née en 2008 et dont la garde a été confiée à son père. Le père de Vanille, lui, n’aurait pas eu connaissance de l’existence de sa fille.

Après une vie de couple entre 2003 et 2014, la rupture de Nathalie Stephan l’aurait conduite à une vie d’errance dans le sud de la France, au point qu’elle aurait parfois logé dans sa voiture. Des documents qualifiés "d'inquiétants" par le procureur de la République ont été retrouvés au centre maternal d'angers. Dans une lettre, elle écrivait notamment à ses filles : "Vanille, Ilona, maman vous aime".