Mais au fait, à quoi ressemble la vie d'un fiché S ?Istock
Plusieurs dizaines de milliers d'individus sont fichés S, en France. Comment ce statut bouleverse-t-il leur vie au quotidien ? Certains perçoivent-ils encore des allocations ? Les réponses.
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Ils étaient environ 20 000 en 2016, à en croire les informations du Monde. Parmi eux, un peu moins de 12 000 individus étaient identifiés pour lien avec l'islamisme radical ; quoique tous ne résidaient pas nécessairement au sein de l'Hexagone au moment de cette analyse. Mais de qui parle-t-on, au juste ? Des fichés S, dont ne faisait d'ailleurs pas parti Abdoullakh Anzorov, le tueur de Samuel Paty

La "communauté du renseignement" démentait à l'époque les chiffres du quotidien de référence et évoquait plutôt le nombre de 5 000 personnes. Pourtant, le ministère de l'Intérieur n'hésitait pas à reconnaître que ce montant était probablement sous-évalué. Au lendemain d'un nouvel attentat particulièrement barbare, c'est un sujet important, qui soulève bien des questions. Outre la surveillance qu'il entraîne, le statut de fiché S empêche-t-il un potentiel terroriste en devenir de se lancer dans un projet meurtrier ? Sur certains plans - financiers comme judiciaires, par exemple - être fiché a potentiellement moins d'impact qu'on pourrait le croire.

Les fichés S ont-ils droit aux allocations et autres minima sociaux ?

D'après Valeurs Actuelles, hebdomadaire rangé à droite, "quasiment tous les terroristes islamistes qui ont frappé la France depuis 2012 ont perçu des aides sociales". En 2016, après une série d'attentats tous plus brutaux que les autres - le Bataclan constituant peut-être le sinistre sommet de ces assauts - le titre de presse publiait une enquête exclusive sur la question. Leur postulat est simple : "notre modèle social, censé protéger et réinsérer les plus faibles, a été dévoyé par les terroristes islamistes et par certains de leurs proches", insistent-ils d'entrée de jeu.

Fiché S : quelles sont les sanctions financières ?

"Tous ceux qui se sont attaqués à notre pays [...] ont été nourris aux allocations chômage, aux allocations temporaires d'attente (ATA), aux minimas sociaux (revenu de solidarité active et allocation de solidarité spécifique), aux allocations familiales… et, pour quelques-uns, jusqu'aux jours précédent les attaques", assènent sans ambages les journalistes de Valeurs Actuelles.

Une situation, expliquent-ils, qui n'est finalement pas si étonnante : elle est tout à fait légale. Et pour cause ! Même s'ils étaient fichés S, ils ont aussi été amenés à travailler sur le sol hexagonal. Ils ont donc acquis des droits, comme tous les autres employés. "Les futurs terroristes inscrits auprès de Pôle emploi ou de la Caisse d'allocations familiales ne sont pas des fraudeurs", écrit encore le titre de presse.

Ce qui ne veut pas dire que tous les fichés S continuent à bénéficier d'allocations : comme l'avait déjà expliqué Planet en 2016, certains élus ont fait le choix de fermer manuellement les vannes financières. Un choix qu'avait fait, entre autres, Eric Ciotti… Ainsi que Bernard Cazeneuve ! En 2015, il avait décidé de la suppression des prestations de 290 djihadistes. Toujours est-il que cela n'a rien d'automatique.

Fiché S : des poursuites judiciaires sont-elles engagées ?

"Les fiches S n'ont pas de valeur juridique", rappelle d'entrée de jeu La Voix du Nord, qui rappelle que ce document ne repose pas sur des preuves, mais bien davantage sur un faisceaux de suspicions. Dès lors, poursuit le quotidien régional, "être fiché S n'entraîne aucune poursuite judiciaire". Par ailleurs, il importe de rappeler qu'il est possible de l'être sans avoir commis le moindre délit.

"Parmi les fichés S se trouvent des extrémistes et des personnes signalées radicalisées, mais aussi des activistes d'extrême gauche ou d'ultra-droite, des altermondialistes, des hooligans", assène encore le titre de presse.