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La vérité a fini par éclater. Après avoir été déclaré "perdu" par Alexandre Benalla, son téléphone personnel a été minutieusement scruté par les enquêteurs. Les messages de l'Elysée qu'ils y ont découverts sont stupéfiants.
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Mensonges à répétition, messages effacés… Certains points de l’affaire Benalla sont longtemps restés un mystère.

"Je l’ai perdu (…) Je ne l’ai plus (…) Je ne souhaite pas donner d’élément sur ce téléphone".

Interrogé par les policiers le 21 juillet dernier lors de sa première garde à vue, l’ex-chargé de mission d’Emmanuel Macron, leur ment ouvertement. En effet, dès le lendemain,des messages ont été émis et reçus sur ce même appareil personnel. Le destinataire n’est autre que le chef de cabinet de Brigitte Macron, comme le révèle ce lundi 29 juillet Le Monde.

Affaire Benalla : son téléphone personnel n’a jamais été perdu

Bien que resté introuvable, on apprend ainsi dans les colonnes du journal que les enquêteurs ont pu découvrir ce que cachait ce fameux téléphone "perdu" : "L’assertion de monsieur Benalla, le 21 juillet 2018 : "Cet appareil, je l’ai perdu", est fausse", ont-ils d’ailleurs conclu après avoir détecté des signes d’activité sur le mobile, au lendemain de la déclaration de perte.

La remise d’un message adressé le 2 mai 2018 à Alexis Kholer a particulièrement retenu leur attention. Discrètement entendu par l’Inspection générale de la police (IGPN), les 17 et 18 avril 2019, le secrétaire général de l’Élysée coopère et révèle alors le numéro de l’expéditeur : il s’agit du fameux “06” personnel de Benalla.

Le SMS, adressé selon Alexandre Benalla au chef de l’Etat dans la nuit du 1er au 2 mai 2018 via Telegram, a ensuite été transféré vers 9h du matin à Alexis Kholer.

En voici son contenu : “Monsieur le Président, hier après-midi j’ai été invité par la préfecture de police à observer de l’intérieur la manifestation du 1er-Mai, j’ai donc été équipé d’un casque et intégré à une équipe de policiers en civil et accompagné par un major de police. En fin d’après-midi nous nous sommes retrouvés place de la Contrescarpe, où la situation a plus que dégénéré, je ne me suis alors pas cantonné à mon rôle d’observateur (…) La scène assez violente a été filmée et même si on ne m’identifie pas très nettement je suis reconnaissable.Cette vidéo tourne actuellement sur les réseaux sociaux. Alexandre.”

Affaire Benalla : même supprimés, des messages embarrassants ont été retrouvés

Messages de soutien, messages d’information, et même messages supprimés ! Grâce au témoignage d’Alexis Kholer et aux réquisitions adressées à l’opérateur téléphonique, les enquêteurs ont pu, à distance, mettre la main sur ce mystérieux téléphone. L’étude en ligne a permis de mettre à jour une correspondance inédite.

“Tous des cons Alexandre, sois zen et fort c’est le patron qui décide et à 30.000 kilomètres [Ndlr Emmanuel Macron est alors en voyage officiel en Australie] il ne décide rien te concernant”.

Tel est le message reçu par Alexandre Benalla sur son téléphone personnel, le lendemain des incidents du 1er Mai. Il provient de Jean-Luc Minet, le commandant militaire en second de la présidence de la République. Avant de supprimer le message, l’ex-chargé de mission lui répond : "un brin rassuré. Merci pour ton soutien" rapporte Le Monde.

Affaire Benalla : "dans un mois on en parle plus"

Deux mois et demi après les violences du 1er mai 2018, Alexande Benalla prévenait en personne le directeur général de la gendarmerie nationale, Richard Lizurey, de la parution du tout premier article de presse à l’origine de l“Affaire Benalla”.

“Bonjour Richard, je tiens à t’informer qu’un article va sortir dans Le Monde sur le 1er-Mai. Amitiés. Alexandre.”

Et le général de répondre : “Bjr Alexandre. Comme quoi les journalistes sont bien informés par nos amis… Amitié. Richard.”

Alexandre Benalla pensait toutefois que cet événement du 1er mai serait vite étouffé. Il écrit alors à son complice du 1er mai, Vincent Crase : “Profil bas, ça va se calmer. Dans un mois on n’en parle plus. “

Plus d’un an après, les révélations continuent…