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Une enquête de "L'Obs" livre de nombreuses révélations sur les réseaux africains de Patrick Balkany. Parmi celles-ci, l'aveu d'un homme d'affaires qui concède avoir versé cinq millions de dollars au maire de Levallois.
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Dans son dernier numéro, L’Obs a accordé sa une à "Balkany l’Africain", livrant une longue enquête sur les réseaux entretenus de l’autre côté de la méditerranée par le maire de Levallois. La semaine dernière, l’hebdomadaire nous apprenait également que l’ami intime de Nicolas Sarkozy était dans le viseur de la justice centrafricaine pour des commissions occultes versées en marge d’un juteux contrat signé entre Uranim et Areva.

Celui qui est déjà mis en examen pour corruption passive et blanchiment de fraude fiscale, aurait été "l'émissaire officieux" de l’ex-président sur le continent africain.   

"Quelles sont les bonnes affaires à faire en Afrique en ce moment ?"

Les réseaux africains de l’édile de Levallois datent de la fin des années 90, quand ce dernier avait "noué des liens avec les puissants de Centrafrique et du Tchad avant sa traversée du désert" comme le notent nos confrères. Jumelée avec Libreville (capitale du Gabon), la commune qu’il reconquiert en 2001 envoie Renaud Guillot-Corail en mission pour le compte du maire sur le continent africain. Une activité qui a laissé des souvenirs dans les Hauts-de-Seine à en croire Loïc Leprince-Ringuet (opposant divers droite) cité par L’Obs : "Renaud me disait souvent : 'Tiens, on revient d'Afrique avec Patrick, on n'arrête pas, on a vu tel président...'"

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S’intéressant aux activités africaines de Patrick Balkany, le juge Van Ruymbke a auditionné Jean-Paul Chirouze qui "a joué les intermédiaires pour Guillot-Corail" détaille le magazine. Ce témoin explique que celui qui était surnommé le "marquis de Bangui" à Levallois s’adressait en ces termes à cet entremetteur :"quelles sont les bonnes affaires en Afrique en ce moment ?".

Mais si ce conseiller mouille la chemise dans les dossiers africains, Patrick Balkany ne fournit pas moins d’efforts. L’Obs raconte en effet comment ce dernier a réuni en 2007 une vingtaine de dirigeants Africains dans un luxueux restaurant parisien. "Là, entre deux bouffées de cigare et une gorgée d'armagnac, il a fait comprendre qu'il était désormais l'envoyé spécial du président et que l'Afrique, c'était lui !" confie un spécialiste des affaires africaines à l’hebdomadaire.

Passeport diplomatique et compte à Singapour

Si ce type d’initiatives déstabilise l’Elysée (est-il besoin de rappeler que Patrick Balkany n’est alors que député maire ?), cela n’empêche pas l’intéressé d’obtenir un passeport diplomatique délivré par la présidence de la République. Dans la mesure où ses activités officielles ne justifient pas une telle acquisition, certains au Quai d’Orsay s’interrogent sur ces activités officieuses. Dominique Paillé (ancien conseiller diplomatique auprès de l’Elysée) raconte comment le patron de la cellule Africaine "était atterré" par cet octroi dont il soupçonnait un usage à des fins personnelles.

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Alors, quelles sont ces fins personnelles ? Auditionné par le juge Van Ruymbeke, Georges Forrest (homme d’affaires belge et magnat des concessions minières cité dans l’affaire Uranim) reconnait avoir versé 5 millions de dollars à Patrick Balkany via un compte domicilié à Singapour en sa qualité d’"apporteur d’affaires". Cette commission aurait été versée en marge de la transaction d’une société minière en Namibie selon Georges Forrest. Or, nulle déclaration en France de cette très lucrative activité de la part de Patrick Balkany. Un témoignage gênant donc, venant accréditer la thèse de juteuses affaires dissimulées à l’étranger et venant apporter des explications sur son luxueux train de vie.