Affaire Sophie Masala : le verdict est tombé pour la "démembreuse du canal" IllustrationIstock
Lourde peine. Accusée du meurtre et du dépeçage de sa collègue de travail en mai 2016 à Toulouse, Sophie Masala a été condamnée ce vendredi 25 octobre à 27 ans de réclusion criminelle. Retour sur un procès hors normes.
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Au terme de 5 jours de procès et de 4 heures de délibéré, la cour d’assises de la Haute-Garonne s’est prononcée : Sophie Fryder Masala, surnommée la "démembreuse du canal" a été condamnée ce vendredi 25 octobre 2019 à 27 ans de réclusion criminelle pour avoir tué et dépecé de sa collègue de travail, Maryline Planche, en mai 2016, à Toulouse.

La peine de la meurtrière de 55 ans est assortie d’une obligation d’un suivi médico-judiciaire de 5 ans, rapporte La Dépêche.

Affaire de la "démembreuse du canal" : elle n’a manifesté aucune émotion

À l’annonce du verdict, Sophie Masala est restée de marbre. Elle n’a manifesté aucune émotion. Un peu plus tôt, la réclusion criminelle à perpétuité avait été requise par l’avocat général David Sénat qui n’avait accordé aucune circonstance atténuante à cette femme "manipulatrice, représentant un danger social et entièrement responsable de ses actes".

Réquisition que les jurés, composés de 5 femmes et un homme, n’ont finalement pas suivi. Ils ont toutefois reconnu l’état de vulnérabilité de la victime âgée de 52 ans au moment des faits, discrète et fragile, et souffrant d’une déficience auditive et visuelle importante (elle était quasi aveugle d’un œil). Une circonstance aggravante.

La cruauté a par ailleurs été au centre des débats tout au long du procès. Sophie Masala, cinq jours après avoir tué sa collègue (elles travaillaient toutes deux au sein de la même association d’insertion pour les handicapés, l’Agefiph) à coups de bouteille en verre, l’a démembrée puis à disperser les parties de son corps dans le canal du Midi. Sa tête, a, elle, été conservée dans le jardinet de sa résidence, note 20 minutes."Une forme de barbarie à visage humain", selon l’avocat général pour qui la meurtrière "n’a aucune limite, aucun jugement moral".

Procès de la "démembreuse du canal" : personnalité trouble et détails sordides

Pendant 5 jours, la Cour a pu découvrir la personnalité de Sophie Masala, énoncée comme une femme manipulatrice, jalouse, voleuse et menteuse. Durant le procès, elle a d’ailleurs émis plusieurs versions des faits. Sans compter les détails sordides qu’ont dû entendre les jurés : du dépeçage à la conservation d’une scie encore imprégnée d’os sous le lit de l’accusée.

Pour rappel, le 12 mai 2016, Sophie Masala s’est introduite au domicile de sa collègue de travail, Maryline Planche quartier St-Georges à Toulouse, pour récupérer un jeu de clés lui appartenant et partir chez elle, à Montpellier. Fatiguée et à bout, elle comptait se faire licencier de l’Agefiph après avoir volé des tickets-restaurants. Surprise par l’occupante des lieux, une bagarre a éclaté.

En tombant sur le canapé, Sophie Masala se saisit alors d’une bouteille de vin pleine avec laquelle elle frappe Maryline Planche sur la tête, à au moins trois reprises. La victime, considérée comme le pilier de l’association, est une employée modèle, sérieuse et rigoureuse, agonise près de 4 heures. Les experts relient la mort à une fracture du crâne. Elle maquille alors la scène de crime en suicide, en tailladant les veines de la victime déjà morte.

Véritable origine de son explosion de colère ? Des dossiers professionnels retrouvés par Sophie Masala au domicile de sa collègue.

Affaire Sophie Masala : le corps démembré pendant 4 heures

Pour faire croire que la victime est toujours en vie, Sophie Masala envoie des SMS avec le téléphone de la victime, à des proches, dévoilant même son homosexualité. "J’ai tout inventé", finit-elle par avouer. 5 jours après le meurtre, elle se rend de nouveau dans l’appartement de Maryline Planche avec une scie mécanique et un couteau. "C’est en traînant dans les rayons du supermarché que j’ai eu l’idée de découper le corps. Il fallait que je le sorte petit à petit." 

C’est ainsi que pendant plus de 4 heures, elle découpe le cadavre en décomposition puis les disperse aux quatre coins du canal du Midi : bras, jambes et tronc sont emballés dans des valises et des sacs-poubelles. La tête est retrouvée enterrée dans un jardinet : "C’est la seule partie que je pouvais transporter facilement. Je voulais lui donner une sépulture et qu’elle soit à côté de moi. Une façon de faire un deuil", indique l’accusée.

Jugement de la "démembreuse du canal" : 10 jours pour faire appel

Mes Catala et Boguet, qui défendaient les intérêts de la famille de la victime, partie civile estiment que la sanction est à la mesure de la gravité des faits reprochés. "La famille de Maryline Planche se déclare soulagée par le fait que la mémoire et la réputation de cette femme ont été complètement restaurées s aux détours des débats."

Sophie Masala a à présent 10 jours pour faire appel de sa condamnation. Pour ses avocats, Mes Dunac et Chorier, "c’est une décision qui ne la déçoit pas. Elle a sûrement eu beaucoup plus d’émotion quand l’avocat général a prononcé son réquisitoire en demandant la perpétuité. C’est une décision d’apaisement. Nous n’avons pas contesté l’état de vulnérabilité de la victime qui n’avait pas été retenu au terme de l’ordonnance de mise en accusation mais nous savions qu’il risquait d’être soulevé et retenu par a cour d’assises. Il est encore trop tôt pour envisager un quelconque appel. Je n’aime pas les décisions à chaud. Cette question mérite que nous y réfléchissions la semaine prochaine avec un peu plus de recul."