Femme enceinte dévorée : une malheureuse coïncidence IllustrationAFP
Une chasse à courre avait lieu le samedi 16 novembre, dans la forêt où a été retrouvé le corps d'Élisa Pilarski. Un jour de la semaine inhabituel pour les cavaliers de l'équipage.
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Que s’est-il passé le samedi 16 novembre ? C’est ce jour-là que le corps d'Élisa Pilarski a été retrouvé dans une forêt de l’Aisne, mordu à mort par des chiens. Depuis, les enquêteurs cherchent à comprendre ce qui a bien pu arriver à cette jeune femme de 29 ans, qui était alors enceinte de six mois. Selon les résultats de l’autopsie, la mort d'Élisa Pilarski "a pour origine une hémorragie consécutive à plusieurs morsures de chiens aux membres supérieurs et inférieurs ainsi qu’à la tête".

Le procureur de la République de Soissons a ouvert dès le 20 novembre une information judiciaire contre X pour "homicide involontaire par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité imposée par la loi ou le règlement résultant de l’agression commise par des chiens". Cinq semaines après le drame, de nombreuses zones d’ombre restent encore à éclaircir, notamment concernant le type et le nombre de chiens impliqués. Très vite, les regards se sont tournés vers les animaux qui participaient à une chasse à courre le 16 novembre dans la même forêt. Un jour inhabituel pour cet équipage.

Femme enceinte dévorée : pourquoi la chasse avait-elle lieu un samedi ?

Depuis le début de l’affaire, les chasseurs nient leur implication, et celles des chiens, dans le décès de la jeune femme. Comme l’explique Le Progrès, le Rallye de la passion chassait jusqu’à peu le lièvre mais, depuis quelques années, la quarantaine de cavaliers de l’équipage chassent le chevreuil avec leurs chiens. Selon le quotidien local, les chasseurs pratiquent généralement le mercredi et le dimanche. Le samedi 16 novembre, le Rallye de la passion était exceptionnellement présent en forêt pour la Saint-Hubert, le patron des chasseurs. C’est la raison pour laquelle 22 chiens de race Black and tan ont été aperçus en forêt ce jour-là alors que le Rallye ne chasse normalement pas ce premier jour du week-end.

Très peu de temps après la mort d'Élisa Pilarski, son compagnon Christophe Ellul a tourné ses soupçons vers les chiens de la meute de chasse à courre, affirmant en avoir vu plusieurs près du corps de la jeune femme au moment où il l’a découvert. De son côté, la société de vénerie défend les animaux et évoque une "coïncidence" entre la présence des chiens et le décès tragique de la jeune femme.

Femme enceinte dévorée : la présence des chasseurs, une "coïncidence"

Les chiens de la chasse à courre sont-ils impliqués dans la mort d'Élisa Pilarski ? Seuls les résultats des prélèvements génétiques, réalisés sur les 62 chiens de l’équipage du Rallye de la passion, pourront l’infirmer ou le confirmer. S’ils ont très rapidement été pointés du doigt en raison de leur présence dans cette forêt, les chasseurs n’ont cessé, depuis, de clamer leur innocence et celle des animaux. D’après la société de vénerie, les chiens ne présentent aucune trace de morsure, ce qui, selon eux, permettrait d’affirmer qu'ils ne se sont pas battus avec celui de la victime, qui présentait, quant à lui, de nombreuses blessures.

Antoine Gallon, qui s’occupe de la communication de la société de vénerie, s’est récemment exprimé auprès du Progrès. "On respecte le deuil d’une famille et la plus grande discrétion dans une affaire tragique, avec la conviction que cette affaire ne nous regarde pas", explique-t-il. "Il y a une coïncidence entre la présence de l’équipage en forêt et cette mort dans des conditions atroces, c’est tout", ajoute-t-il auprès du quotidien local. Les résultats des prélèvements ADN effectués sur les chiens ne devraient pas être connus avant le mois de février.

Avant même de les connaître, les enquêteurs ont déjà écarté une des pistes envisagées, celle d’un promeneur et de son malinois non tenu en laisse, qu'Élisa Pilarski avait croisés peu de temps avant le drame. Se pose toujours la question de son propre chien, Curtis, qui se trouve au sein d’une fourrière. Son maître vient de donner de ses nouvelles.

Femme enceinte dévorée : son chien est-il impliqué ?

Dans ce drame, les chasseurs défendent leurs chiens et le compagnon d'Élisa Pilarski défend le sien. Le 16 novembre, la jeune femme était accompagnée de son chien Curtis, un American Staffordshire de deux ans. Retrouvé blessé près du corps de la victime, il a été soigné par des vétérinaires puis placé dans une fourrière. Le sort de l’animal a beaucoup ému les internautes qui, par le biais d’une pétition, se sont mobilisés pour lui.

Après plusieurs semaines d’incertitudes, Christophe Ellul a donné des nouvelles de l’animal, expliquant sur Facebook faire face "à un manque d’informations le concernant". Le chien est actuellement sous réquisition judiciaire à la fourrière de Beauvais : "On nous a parlé de quarantaine des suites de ses blessures mais, un incident indépendant du drame aurait entraîné une procédure de chien mordeur et il doit prochainement passer une évaluation comportementale".

Une situation que n’accepte pas Christophe Ellul, qui affirme tenter depuis des semaines de transférer le chien "auprès d’une structure spécialisée dans la réadaptation de chiens traumatisés suivant des méthodes positives, afin qu’il puisse bénéficier d’un environnement serein et mieux adapté à sa situation". Désormais, les proches d'Élisa Pilarski sont inquiets pour Curtis qui a "perdu tous ses repères, vécu un lourd traumatisme" et qui serait "confiné en box entouré de chiens qui aboient toute la journée". Ils viennent de mettre en ligne une cagnotte pour les aider à payer les frais d’un avocat engagé dans la cause animale. "Sachant qu’il en va de sa vie, nous ne pouvons plus rester dans le silence", conclut Christophe Ellul sur Facebook. Des dizaines de personnes se sont mobilisées en seulement quelques heures.