Affaire Daval : les parents dénoncent un scénario diaboliqueAFP
En mars 2021, Jonathann Daval sera jugé pour le meurtre de sa femme, Alexia. Alors que la préméditation n'a pas été retenue, les parents de la victime sont convaincus qu'il s'agissait bien d'un “scénario diabolique”.
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Le 17 juin 2019, Jonathann Daval passe aux aveux après deux ans de contradictions. La nuit précédant la disparition d'Alexia, il l'a frappée violemment au visage, étranglée plusieurs minutes, puis calcinée et jetée dans la forêt. Après une longue enquête, Jonathann Daval sera donc entendu pour "meurtre sur conjoint". Ce chef d'accusation ne satisfait pas les proches d'Alexia qui estiment que d'autres éléments de l'affaire sont à prendre en compte dans le cadre de ce procès. 

Affaire Daval : un mobile qui demeure flou

Dans un entretien accordé à Vosges Matin, les parents d'Alexia se confient sur ce qu'ils appellent un "scénario diabolique". Le mobile retenu par les forces de l'ordre pour le meurtre de la jeune femme laisse perplexe Isabelle et Jean-Pierre Fouillot. En effet, Jonathann Daval a confessé avoir tué sa femme lors d'une violente dispute, alors qu'elle devenait complètement hystérique. Le couple ne parvenait pas à avoir un enfant. Dans un portrait de Libération, l'avocat de l'accusé, Randall Schwerdorffer, explique qu'Alexia reprochait à son mari son infertilité. Il cite : "T'es impuissant, tu bandes pas, t'es une merde". 

Le soir du meurtre, une dispute aurait éclaté après que la jeune femme ait demandé un rapport sexuel. Selon les parents d'Alexia, ce mobile est douteux. "Est-ce qu'on tue pour une dispute ? Non. Tout est orchestré.", affirment-ils. A leurs yeux, l'assassinat a été longuement prémédité par Jonathann, en passant notamment par un empoisonnement progressif. Cette piste n'a pas été retenue par la justice, en dépit des traces de somnifères, de décontractants et d'antalgiques retrouvées dans le corps de la victime. D'après L'Est Républicain, les proches de la jeune femme jugent impossible qu'Alexia ait pris elle-même ces médicaments. Pourquoi une femme souhaitant tomber enceinte au point de "faire des crises d'hystérie" à son mari risquerait-elle de tels mélanges ? La famille souligne une incohérence dans le discours du meurtrier. La femme qu'il décrit ne semble pas être leur fille… 

Affaire Daval : la diabolisation d'Alexia

Au cours de l'interview de Vosges Matin, le couple Fouillot regrette la manière dont leur fille est dépeinte. Ils assurent : "On sait qui était Alexia et que ce qui sera dit ne sera que des mensonges". Ils craignent que Jonathann soit érigé en victime lors de son procès, dénonçant les violences qu'il aurait subies d'Alexia Daval : "C'est le procès de Jonathann que l'on fait, pas celui d'Alexia", rappelle le couple. La mère de la jeune femme, Isabelle, rappelle les propos choquants de l'avocat de la défense. Celui-ci avait tenté d'expliquer que Jonathann, victime lui aussi, avait succombé "à une crise de trop qu'il n'a pas su gérer".

Marlène Schiappa, secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, avait rapidement réagi dans un tweet en dénonçant le "victim-blaming" dont faisait preuve Randall Schwerdorffer. "En gros, pour la défense, Alexia l'avait bien mérité" explique Isabelle. 

Ce que le couple attend de ce procès, ne concerne pas la condamnation… 

Affaire Daval : à la recherche de la vérité

À son procès, reporté en mars 2021 en raison de l'épidémie de coronavirus, Jonathann Daval risque la perpétuité. Bien que les pistes de l'empoisonnement et de la préméditation n'aient pas été retenues, la peine encourue est la même.

Peu importe la condamnation de leur ex-gendre, ce que veulent les parents d'Alexia, c'est la vérité. Sa mère développe :

"Qu'il soit condamné à 15 ans ou 30 ans, ça n'a pas d'importance. La peine à laquelle il sera condamné, quoi qu'il arrive, ne me rendra pas Alexia. Je veux la vérité. Je veux qu'il soit honnête, qu'il prenne ses responsabilités et dise le pourquoi."

Plus tard, elle ajoute, à propos de sa vie : "Elle est en suspens. J'ai l'impression d'avoir les deux pieds dans le ciment, d'être dans l'attente qu'on me délivre d'une souffrance." À son mari de compléter : "Mais on ne sera jamais délivrés".