Droite et 2022 : y a-t-il un inquiétant point commun entre Alain Juppé et François Baroin ?AFP
François Baroin, semble-t-il, fait figure de favori à droite. Certains souhaiteraient en effet le voir briguer l'Elysée… D'autres, à l'inverse, sont visiblement moins convaincus.
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"Baroin président !", scandait le public, prêt à porter son champion aux nues. C'est que, depuis des mois déjà, François Baroin se fait désirer. L'homme, qui préside d'ailleurs à l'association des maires de France (AMF), a tout de même tenu à se présenter devant Les Républicains, samedi 5 septembre 2020, alors que se tenait leur grand rendez-vous de la rentrée. Une fois encore, il a tenu à garder le silence sur ses intentions. Il ne s'exprimera pas avant "le moment qu'[il a] fixé, à l'automne", rapporte Libération.

"Je n'ai pas croisé une seule personne, à Troyes ou ailleurs, qui me parle de la présidentielle - en dehors de ma famille, qui me pose la question matin, midi et soir", poursuit l'élu, dont la candidature a d'ailleurs largement été poussée par Christian Jacob, le patron des Républicains. Mais ce silence se fait peu à peu pesant. Car s'il a autant chercher à mobiliser son ami, c'est peut-être en partie parce que Christian Jacob souhaite éviter une primaire de la droite, comme cela s'était fait en 2016. En cas de retrait de François Baroin, le défaut d'incarnation constaté chez Les Républicains pourrait devenir… embarrassant, poursuit le quotidien.

François Baroin, grand favori

Aujourd'hui, François Baroin semble profiter d'un fort engouement. Pourtant, d'ores et déjà quelques uns s'interrogent. C'est le cas, par exemple, de Rachida Dati.

"Je considère que, comme dans la vie, à la présidentielle, on ne vous attend pas. La présidence de la République n'est pas quelque chose qu'on offre sur un plateau à un quelconque candidat. Tous ceux qui ont été élus à cette fonction l'ont désiré avec force", assène-t-elle d'abord dans un premier temps, devant les micros du Figaro. Elle poursuit : "Je peux comprendre le besoin de réflexion de François Baroin. C'est une décision grave et lourde au regard de l'état du pays, de l'Europe et de la situation internationale. On connaît les sacrifices, les enjeux de la charge et la violence d'une campagne." Avant de conclure, plus ferme… "Dans une telle élection, il n'y a pas de place pour les hésitations".

François Baroin manque-t-il d'envie ?

Un constat violent, qui n'est pas sans rappeler un autre article du Figaro. Le quotidien national écrivait récemment, en effet, que François Baroin n'irait pas. Et le titre d'avancer plusieurs raisons, dont certaines sont anciennes : le maire de Troyes le reconnaît, il n'a jamais souhaité - ou du moins, n'a jamais été fasciné par - la présidence de la République.

"C'est ce qui m'a toujours intéressé, Matignon. C'est là qu'il y a le pouvoir constitutionnel. Ca correspond à ce que j'aime : arbitrer, décider, être sur le terrain, aller au front, gérer les urgences, être en contact  avec le Parlement", expliquait-il en 2017. Non sans lâcher, catégorique, à propos de l'Elysée : "Je déteste ce lieu, je le trouve sinistre".

D'après Médiapart, cependant, d'autres raisons motivent peut-être le choix de François Baroin. La première d'entre elles relèverait d'ailleurs du professionnel : le maire serait aujourd'hui en discussion pour prendre la direction de la filiale française de la banque américaine Morgan Stanley…

François Baroin est-il le nouvel Alain Juppé ?

"Il faut se méfier des évaluations qui reposent sur des côtes d'amour. La candidature de François Baroin serait une candidature lisse, ce qui n'est nécessairement une mauvaise chose, et finalement assez similaire à celle d'Alain Juppé. Cela ne l'a pas empêché d'exploser face au bataillon très organisé de François Fillon", rappelle d'entrée de jeu le politologue Jean Petaux, spécialiste de la droite et enseignant les sciences politiques à l'Institut d'Etudes Politique (IEP) de Bordeaux.

C'est d'ailleurs loin d'être le seul point commun avec l'ancien maire de Bordeaux.

"Je confesse que, peut-être, n'étais-je pas totalement dévoré par l'ambition d'être président de la République", a récemment reconnu Alain Juppé dans les colonnes du Parisien. Dès lors, était-il prêt à tout sacrifier pour ce dur labeur ? "Je ne sais pas", explique-t-il. "La réponse, elle est dans le résultat".