Covid-19 : "Les 4 mois qui viennent seront les plus difficiles", prévient Jean-François Delfraissy, le président du Conseil scientifiqueAFP
La situation sanitaire ne s'améliore pas en France, au contraire. Invité de LCI jeudi, Jean-François Delfraissy, le président du Conseil scientifique ne s'en est pas caché.
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"Avec les autres membres du Conseil scientifique, nous avons eu des discussions samedi dernier et en revoyant les chiffres, les prévisions, notamment celles sur l'occupation des lits en réanimation, un critère important, on a constaté qu'un certain nombre de régions, et surtout de grandes métropoles, vont être en tension pendant le mois d'octobre, a expliqué Jean-François Delfraissy à Darius Rochebin jeudi lors de leur 'Grand entretien' sur LCI. On repart avec une circulation virale importante. La population la plus à risque doit décider d'elle-même de se protéger".

Jean-François Delfraissy : "On ne sait pas si l’épidémie ne va pas nous revenir de l’hémisphère sud, mais c’est possible"

Conscient de l’exercice d’équilibriste qui incombe au gouvernement, le président du Conseil a poursuivi en prévenant que la stratégie qui allait devoir être adoptée le serait sur le "long terme, peut-être sur plusieurs mois". Jean-François Delfraissy a ensuite évoqué de quelle manière l’épidémie pourrait ressurgir en France : "On ne sait pas si l’épidémie ne va pas nous revenir de l’hémisphère sud, mais c’est possible". Une situation préoccupante qui soulève la question d’un reconfinement général tant redouté par la population. "Nous devons cependant continuer à vivre. Reconfiner partout, ce n'est pas possible. La population ne l'accepterait pas. Il faut donc tenir compte des disparités des régions", a plaidé le scientifique. "Mais il n'y aura aucune obligation, juste des recommandations", a-t-il assurer sans pour autant dévoiler lesquelles.

"Le Conseil scientifique est dans son rôle, qui est technique" mais "il revient aux dirigeants politiques de prendre des décisions", avait quant à lui tenu à rappeler Emmanuel Macron jeudi à Ajaccio, à quelques heures d’annoncer les nouvelles mesures qui vont s’appliquer sur le territoire pour limiter la propagation du coronavirus Covid-19.

Nouvelles mesures applicables en France : ce que l’on sait des annonces d’Emmanuel Macron

La France a enregistré 9.843 nouveaux cas de Covid-19 en 24 heures, un record depuis le début de l'épidémie et le lancement des tests à grande échelle, a annoncé jeudi la Direction générale de la Santé. Dans la foulée, on apprenait que le président de la République a prévu de s’exprimer ce vendredi en fin de matinée, au sortir du Conseil de Défense. Une prise de parole très attendue puisqu’elle présentera les prochaines mesures qui s’appliqueront en France pour limiter la propagation du Covid-19.

"Nous devons nous adapter à l’évolution du virus, ralentir au maximum la circulation de celui-ci. Mais nous devons le faire en permettant de continuer à vivre: éduquer nos enfants, s’occuper des autres patients, traiter les autres pathologies, avoir une vie économique et sociale, a martelé jeudi le chef de l’Etat face aux journalistes, lors d’un déplacement en Corse. Ce que je souhaite c'est donner de la visibilité sur les prochaines semaines par les décisions de demain". Hors caméra, le président a également appelé à ne "pas dramatiser le Conseil de défense" de vendredi. "Il ne faut pas penser que les décisions de demain, ce sera le grand soir", rapporte BFM TV. Emmanuel Macron souhaite en effet que des mesures soient "déclinées territorialement" mais "sans céder à la panique".

Un discours qui semble faire écho au confinement généralisé annoncé en mars dernier et qui avait alors fait l’effet d’une onde de choc. Le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy s’en souvient encore…

Confinement : Jean-François Delfraissy confie ne pas avoir dormi "pendant trois ou quatre nuits" après l’annonce

En mars dernier, le président Emmanuel Macron annonçait que, pour limiter la propagation du virus sur le territoire, l’ensemble de la population allait être confiné. Une situation alors inédite. "On était dans quelque chose qui nous a nous-mêmes sidérés. Comment on aide, finalement, un gouvernement à prendre une décision aussi difficile que le confinement généralisé ?, a récemment confié Jean-François Delfraissy, le président du Conseil scientifique à la revue Nature. Je n'ai pas dormi pendant trois ou quatre nuits, à la suite de ça. C'est-à-dire que nous n'avions aucune certitude. C'était très difficile, de décider en notre  âme et conscience d'une chose qui ne s'était encore jamais produite".