Coupe du monde de football 2018 : ce que l’État ne vous dit pas !Istock
A partir du 14 juin prochain, le monde se met à l'heure russe pour vivre d'intenses moments au rythme de la Coupe du monde de football 2018. Une opération rentable ? Enfin, tout dépend pour qui…
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Coupe du monde de football 2018 : des retombées économiques en demi-teinte

Sur le papier, il apparait clairement que la Russie ne figure pas au rang des pays les plus doués en matière de football. Elle se positionne, de fait, tel que le souligne LCI, en 63e position dans le classement des nations y participant établi par la Fifa. Et pourtant…

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Elle est en passe d’organiser cette année l’un des évènements sportifs les plus prestigieux de la planète. La Coupe du monde de football. Il faut dire qu’en termes d’image de marque et de retombées financières, le jeu peut clairement en valoir la chandelle. A condition, cependant, d’être un mastodonte de l’industrie du BTP, d’avoir construit des stades, ou d’être un annonceur de renom. Mais pour Vladimir Poutine, il est avant tout question de stratégie. Laquelle consiste, en réalité, à "gouverner par le sport en Russie".

C’est justement ce que considère Lukas Aubin. Interrogé par LCI, ce chercheur intervenant au sein de l’université de Nanterre a choisi de concentrer ses travaux autour de cette thématique précisément. Selon lui, pas de doute. Il est essentiellement question pour la Russie de montrer sa grandeur au monde entier. Une stratégie politique qui, comme l’estiment certains experts, ne devrait pas, pour autant, être suivie de retombées économiques favorables aux Russes.

Interviewée dans Capital, Kristin Lindow, analyste de l'agence d'évaluation financière Moody's, estime, de son côté, que la Coupe du monde ne devrait pas contribuer de "manière significative à la croissance économique". Et de préciser : "Le Mondial ne durera qu'un mois et l'impulsion économique qu'il donnera aura peu de poids par rapport à l'ensemble de l'économie russe, qui pèse 1 300 milliards".

Un point que semble partager Igor Nikolaïev, directeur de l'Institut d'analyse stratégique FBK à Moscou. Au vu des évènements sportifs passés, il considère, en effet, que le fait d’organiser une Coupe du monde n’implique pas forcément une augmentation massive du nombre de touristes. Ce, même si les spécialistes du secteur ne devraient, comme le rappelle Capital, clairement pas chômer durant cette période.

Coupe du monde de football 2018 : entre corruption et population lésée

De fait, malgré la venue de centaines de milliers de fans, la Coupe du monde de football édition 2018 ne devrait pas, à terme, générer un impact positif et durable sur l’économie russe, relève Capital.

Pour quelle raison ? Parce qu’au final, la croissance du pays pourrait rester relativement stable et osciller entre 1,5 % et 2,0 % dans les années à venir.

Ajoutez à cela un fond de corruption particulièrement présent en Russie - Ne serait-ce que pour la construction du stade de Saint-Pétersbourg (le plus cher au monde : 670 millions d’euros), les polémiques ont été nombreuses, la corruption au rendez-vous et les entreprises en charge de le bâtir, pas particulièrement consciencieuses - Et vous obtenez un évènement d’envergure dont les retombées économiques se révèlent clairement décevantes.

Mais s’il n’y avait que cela ! Côté population locale, considérer que celle-ci pourrait en profiter sur le volet financier relève de la pure ineptie. Certes, souligne Lukas Aubin auprès de LCI, "les billets sont un peu moins onéreux pour eux que les étrangers", mais ils demeurent chers malgré tout. Et de conclure, toujours auprès de LCI : que cette édition 2018 de la Coupe du monde aura, bien sûr, permis de "moderniser certaines villes qui ne l'avaient pas été depuis la fin de l'URSS (Samara, Saransk). Mais la Russie va surtout utiliser l'événement afin de redorer son image ternie pas les récents événements géopolitiques (l’Ukraine, la Crimée)". Un joli coup de com’.

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