L'ancêtre des foyers de femmes
Aider les femmes seulesDe retour à Paris, elle rédige un opuscule : "Nécessité de faire un bon accueil aux femmes étrangères" dont nous vous proposons de larges extraits. Dans un style documentaire, la "belle andalouse" comme la surnomme la presse française, revient sur la ségrégation que subissent les congénères de son temps, ces femmes seules et déracinées. Toujours positive et constructive, Flora propose de créer une association pour venir en aide à ces femmes seules et étrangères, dotée d'un journal et d'une bibliothèque. Les adhérentes porteront un ruban vert bordé de rouge en signe de reconnaissance. Ce projet préfigure des "foyers" qui se multiplieront dans la deuxième moitié du siècle.
Guide de l'humanitéLa fin de la vie de Flora sera consacrée à la défense du monde ouvrier. Elle fonde "L'Union ouvrière", manifeste pour la création d'une organisation internationale ouvrière dirigée par le prolétariat lui-même. C'est de Flora Tristan que Karl Marx reçoit la révélation de la lutte des classes. Pour répandre ses idées, elle entreprend un Tour de France sur le circuit traditionnel des compagnons. Flora acquiert la conviction qu'elle est chargée d'une mission, "la femme guide de l'humanité". Elle ne sépare pas la cause des femmes de la cause prolétarienne. Toute sa vie, elle devra affirmer qu'elle n'appartient à personne, ni à son mari, ni aux hommes qui se jettent à ses pieds, ni à ses éditeurs, ni aux différentes sectes saint-simonnienne, fouriériste ou owénienne, ni même aux ouvriers.Le 14 novembre 1844, Flora meurt épuisée, de la fièvre typhoïde, à Bordeaux lors d'une étape de son Tour de France. "''Dans ces 40 années, que de siècles, j'ai vécu"'' note Flora dans son "Journal".
Lumineuse...Utopiste, dangereuse ou vaniteuse pour les uns, martyre de la cause sociale pour les autres, la grand-mère de Paul Gauguin devra attendre les féministes des années 1960 pour conquérir la gloire posthume. "''Il n'est peut-être pas de destinée féminine qui, au firmament de l'esprit, laisse un sillage aussi long et aussi lumineux"'' conclura André Breton, en 1957.