AFP
Edouard Philippe a présenté ce lundi son plan de réforme de l'Etat, dont l'un des principaux objectifs vise à supprimer 50 000 postes de fonctionnaires. Une ambition jugée difficile à tenir par certains observateurs…
Sommaire

50 000 fonctionnaires de moins : des plans de départs très favorables ?

Emmanuel Macron en a fait une promesse de campagne : d’ici à la fin de son mandat, la fonction publique d’Etat doit connaître un élagage massif. Au total, pas moins de 50 000 postes de fonctionnaires doivent être supprimés pour permettre d’importantes économies et ainsi contribuer aux objectifs du président de la République. C’est avec cette ambition en tête qu’Edouard Philippe présentait, lundi 29 octobre, son plan de réforme de l’Etat. Il a notamment confirmé la mise en place d’un modèle de départs volontaires comparable à ceux dont bénéficient déjà les miliaires, rapporte France Bleu.

A lire aussi : Travail des fonctionnaires : est-ce bientôt la fin ?

"Ils auront la possibilité de partir avec 24 mois de salaire et de toucher les allocations chômage, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui", détaille le ministre de l’Action et des Comptes publics qui explique qu’une "agence de reconversion" des agents publics devrait voir le jour. "Nous souhaitons qu’il y ait des passerelles entre le public et le privé. L’Etat permettra de le faire désormais", poursuit-il. Des déclarations qui rencontrent une ferme opposition de la part des syndicats de fonctionnaires. Pour Luc Farré (UNSA), joint par l’AFP, les propos du ministre "s’apparentent à de la communication. L’indemnité de départ volontaire existe déjà". De son côté, Christian Grolier (FO), déplore une "vision uniquement budgétaire du service public".

50 000 fonctionnaires de moins : davantage d’embauche sous contrat

Toutefois, ce n’est pas la seule piste avancée par le gouvernement : Gérald Darmanin entend également recruter davantage de travailleurs… Hors-statut. Il prône "la liberté de choix entre le statut actuel qui sera conservé, notamment pour les fonctions régaliennes, et un contrat pour une durée de 5, 10 ou 15 ans avec une rémunération au mérite", comme l’explique le quotidien économique Les Echos.

"Vous n’avez pas forcément envie de travailler 40 ans pour l’Etat", ajoute-t-il, illustrant son propos à l’aide d’un exemple : les maires vont pouvoir engager, "sur des postes à responsabilités", des individus sous contrat. Enfin, l’exécutif ne cache pas sa volonté de "moderniser le statut des fonctionnaires"… Et donc de "supprimer des missions" aujourd’hui assurées par le service public.

50 000 fonctionnaires de moins : un objectif réalisable ?

Depuis le premier janvier 2018, 4 600 postes de fonctionnaires ont été supprimés, précise le quotidien spécialisé. Pour autant, d’après Europe 1, l’objectif fixé par Emmanuel Macron devrait être très difficile à tenir. Compte tenu des 44 000 postes qu’il reste à supprimer et des récentes déclarations d’Edouard Philippe – indiquant une coupe de 10 000 postes en 2020 – il faudrait supprimer au moins 17 000 emplois en 2021 et en 2022 souligne le site d’information.

La radio pointe également du doigt la difficulté de réaliser ce genre de réforme en fin de mandat, ainsi que toutes les interrogations qui pèsent encore sur divers éléments techniques (quelles missions, quels secteurs concernés, etc). Le Premier ministre s’est contenté d’estimer qu’il était possible de "réorganiser la machine publique de façon à faire mieux avec un peu moins dans certains domaines, et dans d’autres domaines beaucoup plus".

Néanmoins certains économistes jugent que la fin des fonctionnaires – et du service public – est proche. C’est notamment le cas de Frédéric Farah, souvent rangé à gauche, qui pointe du doigt le risque d’une dilution du statut au profit de travailleurs précaires embauchés dans la fonction publique.