©AFP
Ils ont le même nom que des personnalités du gouvernement et subissent brimades, plaisanteries ou appels incessants. 

Un Bernard Cazeneuve peut en cacher un autre. Il suffit de se référer à l’annuaire téléphonique pour découvrir qu’au moins cinq personnes portent ce nom en France. Toutes se situent pratiquement dans le Sud-Ouest, bien loin du département d’origine du ministre de l’Intérieur, né à Senlis dans l’Oise.

Le fils de l’un d’entre eux, âgé de 88 ans, a bien voulu nous expliquer le quotidien de son père qui "suit de près la carrière du ministre". "Mon père n’a pas de soucis avec le fait de s’appeler comme le ministre, il en rigole même", confie-t-il avant de reprendre de sa voix rocailleuse : "C’est vrai que des fois il subit des plaisanteries de la part de certains qui lui disent par exemple : « Bah alors, on ne t’a pas vu à l’Assemblée aujourd’hui ! »"

A lire aussi - U n homonyme d’Eric Zemmour raconte son calvaire

Pour d’autres, la plaisanterie a ses limites. Ainsi, quand nous avons voulu joindre un certain Emmanuel Macron situé à Coullemont (Pas-de-Calais), celui-ci nous a immédiatement raccroché au nez.

Il s’appelle Laurent Fabius et a vécu l’enfer par le passé

La plaisanterie peut même tourner à l’enfer. C’est le cas de Laurent Fabius, président d’un club de voile âgé de 46 ans, dont l’homonymie avec le ministre des Affaires étrangères lui a causé beaucoup de torts au début des années 1990. À cette époque, éclate l’affaire du sang contaminé qui viendra ternir l’image de celui qui était, au moment des décisions, le Premier ministre de Mitterrand.

Une époque dont se souvient encore le président du club de voile : "Ça m’a causé beaucoup de torts cette histoire, les gens faisaient des amalgames, des plaisanteries douteuses, et à chaque fois ça reprenait.", déclare-t-il un brin énervé. Il faut dire que l’homme a subi une transfusion sanguine à cette période-là : "J’aurais pu être l’un des tous premiers contaminés…", s’agace-t-il.

A lire aussi - Coulibaly : le cauchemar de ses homonymes

Depuis, de l’eau est passée sous les ponts, mais les coups de fils perdurent. "Depuis qu’il a été nommé (en 2012) c’est reparti.", fulmine l’homme. La semaine dernière encore, quelqu’un qui pensait parler au ministre a vite déchanté en apprenant qu’il s’agissait bien de Laurent Fabius, mais pas celui du Quai d’Orsay ! "On m’a même envoyé un SMS d’un cabinet de je-ne-sais-pas-quoi adressé au ministre.", se rappelle l’homme qui, visiblement, n’en veut plus au membre du gouvernement de s’appeler comme lui : "Il fait des belles choses maintenant.", concède-t-il.

Michel Sapin et sa vingtaine d’homonymes

Dans l’annuaire, on découvre que les homonymes de ministres ne sont pas si rares. Le champion est même le ministre du Travail, Michel Sapin, avec une vingtaine de personnes portant le même nom en France. Le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, en compte sept ; suivi du ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, qui en a cinq et de Laurent Fabius, avec quatre homonymes. À noter la présence également d’un Manuel Valls Vicente, d’une Marie-Ségolène Royal, d’une Marisol Reveyrand Touraine, tous trois à Paris, ainsi que d’un Jérôme Cahuzac dans les Pyrénées.

 Vidéo sur le même thème : Quand les ministres ricanent du pseudo de Sarkozy