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Poste stratégique, la présidence de France Télévisions est courtisé par 33 personnalités dont 11 ont officialisé leur candidature. Le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA) a jusqu'au 22 mai pour donner son verdict. Le point sur les enjeux et les favoris pour succéder à Rémy Pflimlin.

Le plan de route de France Télévision pour la période 2015-2020 s'annonce charnière avec beaucoup de réformes à tenir et de nombreux changements à prévoir. La suppression de la publicité après 20h et la création de l'entreprise unique digérée, place désormais au nouveau souffle que le nouveau président ou l'actuel lui-même - en l’occurrence Rémy Pflimlin - aura à charge d'insuffler. L'émergence d'offre hertzienne pléthorique et l'explosion des nouveaux moyens de communication (réseaux sociaux, offre replay...) ont poussé trois ministres - Fleur Pellerin, Emmanuel Macron et Michel Sapin - à se pencher sur ce dossier épineux aux enjeux colossaux.

Le rapport Schwartz comme guide

Les propositions du rapport Schwartz (ancien directeur financier de France Télévisions), reprises par le gouvernement, sont nombreuses. Le gouvernement veut un net renforcement de "l'offre publique d'information". A ce sujet, il encourage les discussions entre France 2, France 3, France Ô et leurs concurrentes, notamment les radios publiques. Autre proposition majeure : la création française. Objectif pour le gouvernement que les programmes français, et notamment les fictions, s'exportent davantage. Priorité donnée également aux jeunes avec toujours le même fil rouge : la restriction budgétaire.

Si le CSA recommande moins de fictions policière et plus de sujet militaires par exemple, l'organisme qui garantit l'exercice de la liberté de communication audiovisuelle dans les conditions définies par la loi est au coeur surtout d'un imbroglio politique. Ainsi le président de l'UMP Nicolas Sarkozy - qui avait lui-même choisi Pflimfin en 2010 - a appelé à dénoncer "le processus de nomination de France Télévisions, où on garde même le secret des auditions". Le porte-parole de l’UMP Sébastien Huyghe a lui-même renchérit dans les médias : "Nous sommes face à un scandale d’Etat. Nous sommes étonnés, voire atterrés, de voir que les auditions par le Conseil supérieur de l’audiovisuel pour la présidence de France Télévisions se font de la manière la plus opaque possible : les candidats ne sont pas connus, les auditions sont à huis clos. On ne connaît pas les projets ni les critères de choix. C’est pourtant 2,3 milliards d’argent public".

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Saragosse - Collin : une femme plébiscitée ?

Succédant à Patrick de Carolis en 2010, Remy Pflimlin (61 ans) qui est l'actuel président du groupe brigue un second mandat consécutif. Nommé par Nicolas Sarkozy il y a cinq ans, Pflimlin peut miser sur un bilan honorable et le besoin de stabilité pour l'entreprise qui doit faire face à d'importantes réformes. Mais pour être élu, ce ne sera cette fois-ci pas le président de la République qui aura le dernier mot, mais le président du CSA Olivier Schrameck entouré de ses 8 sages. Pflimlin aura une adversité de premier plan, à commencer par Marie-Christine Saragosse (55 ans), présidente de France Médias Monde, qui rassemble les entités tels que France 24, RFI. Cette ancienne dirigeante de TV5 Monde, diplômée de l'ENA a été nommée en 2012 par François Hollande à la tête de l'audiovisuel extérieur de la France. L'autre femme en lice est également issue du monde des médias, puisque Nathalie Collin (50 ans) est ancienne présidente du directoire de Libération et du Nouvel Observateur. Diplômée de l'ESSEC, elle est à l'heure actuelle directrice générale adjointe de La Poste, en charge de la communication et du numérique. Ces deux font partie des favorites.

Après une carrière qui a pris de l'ampleur avec la présidence d'Orange France, Didier Quillot (55 ans) a ensuite pris celle du directoire de Lagardère Active. Avec à son actif, une expérience de gestionnaire indéniable, des changements opportuns dans des entreprises de grande taille, il est aussi connu pour une gestion humaine valorisante. Conseiller culturel auprès de Nicolas Sarkozy (2008-2010), Eric Garandeau (42 ans) est issu de l'audiovisuel public et a déjà travaillé un an dans l'entreprise publique. Il a également été président du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC). Au conseil d'administration depuis 2011, Christophe Beaux (48 ans) est PDG de la Monnaie de Paris.

Michelin, Louette, Leproux : le bal des outsiders

Candidat à la présidence depuis fin février, Alexandre Michelin (50 ans) fait figure d'épouvantail. Directeur général de Microsoft MSN pour la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique, Michelin a de nombreuses expériences dans les médias : directeur des programmes ou directeur général à Paris Première, Canal + ou encore France 5. Après avoir été vice-président du directoire du groupe M6, Robin Leproux (ex-patron de RTL, PSG) est aussi sur les rangs même si son officialisation n'est pas été divulguée. Le président du directoire du Monde Louis Dreyfus et le PDG de l'AFP Pierre Louette sont également pressentis. D'autres ont posé leur candidature mais leur chance d'être élu est plus qu'infime : le président du parc d'attractions Cinecitta World Emmanuel Gout, le président de RTL Radio Christopher Baldelli, le fondateur du réseau Beur FM Nacer Kettane, le délégué syndical SNJ de France Télévisions Serge Cimino ou encore l’humoriste Cyril Hanouna sous forme de campagne humoristique avec pour slogan "La France Télévisions forte".A l'issue d'auditions, le nouveau président sera désigné au plus tard le 22 mai avec une prise de fonction le 22 août. Le suspense et les tractations sont à son comble.

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