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Les membres d'un réseau de trafiquants de faux dinars algériens ont été condamnés dans la nuit de jeudi à vendredi à des peines de prison ferme. Le point sur cette affaire.


Un réseau "exceptionnel". C’est en ces termes que sont qualifiés les membres d’un groupe de faussaires qui fabriquaient de faux dinars algériens. Au nombre de quatorze, ils ont tous été condamnés par la Cour d’assises du Rhône à des peines de prison ferme allant de quatre à dix ans. Les quatorze prévenus présentaient par ailleurs des profils assez éloignés de ceux rencontrés d’ordinaire par les enquêteurs : ils aspiraient tous à une retraite paisible.

Désignés comme étant les "donneurs d’ordre" du réseau, Thierry del Pelose (46 ans) et Serge Siddu (52 ans) – actuellement en fuite et visé par un mandat d’arrêt – ont ainsi été condamné aux plus lourdes peines. Les deux Marseillais ont pourtant toujours nié les faits. Le "cerveau" du groupe, Jean-Charles Cima a, quant à lui, écopé de huit ans de réclusion criminelle. De son côté, l’Italien Claudio Scalpellini a été condamné à 6 ans de prison. Egalement visé par un mandat d’arrêt, il a été reconnu coupable d’avoir fourni l’encre fluorescente et la numérotation permettant de rendre les faux billets indétectables.  Le repris de justice lyonnais de 63 ans Antoine Alcaraz, une des principales figures du procès, contre lequel 8 à 10 ans avait été requis, a été condamné à 7 ans de détention. Il avait expliqué lors du procès comment il avait "mal tourné" après plusieurs dépôts de bilans de magasins de vêtements.

Le sexagénaire avait incriminé dans ses dépositions un trio marseillais comme "têtes" du réseau, puis il était revenu au cours du procès sur ces accusations, terrorisé par des menaces de mort. Deux frères qui avaient accepté de se prêter au réseau de fausse monnaie alors que leur imprimerie était criblée de dettes, Frédéric et Olivier Dunand, ont tous deux été condamnés à 6 ans de prison.


Un vol de papier fiduciaire

Ces condamnations ont été prononcées au terme d’un procès qui a duré trois semaines. Alors que l’Etat algérien s’était constitué partie civile, l’avocat général a avait souligné lors du procès le caractère « exceptionnel » de cette vaste fraude.  "C'est la première fois qu'on réalise en France une si grande quantité de fausse monnaie sur du papier fiduciaire authentique", avait-il déclaré. Les condamnés auraient réussi à monter leur réseau notamment grâce au vol, en 2006,d’un important stock de papier fiduciaire destiné à la Banque centrale algérienne.

Ce procès lyonnais ne constitue qu'un volet d'une affaire tentaculaire. Sur les 44 rouleaux de papier fiduciaire volés à Marseille en 2006, seuls quatre auraient en effet été utilisés par les accusés.