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Depuis les attaques terroristes survenues dans l'Aude vendredi, plusieurs personnalités politiques demandent des mesures contre les fichés S. Elles font bondir le Syndicat de la magistrature.

Après les attaques terroristes commises vendredi dans l’Aude par Radouane Lakdim, fiché S, plusieurs personnalités montent au créneau pour demander des mesures fermes. Manuel Valls, qui évaluait en 2016 à près de 20 000 le nombre de personnes fichées S a notamment demandé à ce que soit envisagée la rétention administrative sous l’autorité d’un juge. Chez LR, le patron Laurent Wauquiez a redemandé, depuis le siège de son parti, à ce que les personnes figurant sur ce fichier pour terrorisme soient internées. Le son de cloche est le même pour Marine Le Pen qui demande en plus à ce que ceux qui ne sont pas Français soient expulsés. 

Les fiches S sont utilisées par les services de surveillance français et se déploient sur une échelle allant de 1 à 16. Les degrés ne définissent pas la dangerosité de la personne fichés, mais les modalités de la surveillance. Pour le Syndicat de la magistrature, classé à gauche, c’est un des premiers arguments qui empêche l’internement des fichés S. "Ce fichier définit les modalités de surveillance d’individus, ce ne sont nullement des éléments qui permettent d’avoir la certitude qu’une personne va commettre un acte répréhensible pénalement ou terroriste", explique Laurence Blisson, secrétaire générale du Syndicat de la magistrature, contactée par Planet. Un argument également avancé par le Premier ministre Edouard Philippe, qui a rappelé ce mardi à l’Assemblée nationale que la fiche S n’est pas un argument de preuve.

Une mesure inapplicable

La possibilité d’enfermer des fichés S devient dès lors "inconstitutionnelle, inapplicable mais aussi inefficace", souligne Laurence Blisson. "On ne peut pas priver les gens de liberté sur la base de suspicions", ajoute-t-elle. Quant à la possibilité que les juges interviennent, elle l’exclut : "La procédure est simple. Soit nous disposons d’indices graves et concordants qui permettent la mise en examen, soit nous n’avons pas assez d’éléments et il faut continuer à enquêter. On ne pourra pas tout prévoir"; La secrétaire générale, qui a notamment été juge d’application des peines à Meaux dénonce une récupération politiques. "C’est un jeu politique malsain dans ce contexte", déclare-t-elle.

De nombreux observateurs estiment cependant qu’après les attaques de vendredi et les procès en laxisme fait par ses opposants politiques, Emmanuel Macron est particulièrement attendu sur le sujet. Le Premier ministre fait pour le moment office de rempart. Il a profité de son intervention à l’Assemblée natioanale mardi pour mettre en avant les différentes mesures prises par le gouvernement : le recrutement de 1900 personnes dédiées au renseignement et la création d’un parquet national antiterroriste.