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L'instituteur d'Aubervilliers (93) est revenu jeudi sur ces aveus alors qu'il était accusé de "dénonciation de crime imaginaire". L'homme a maintenu s'être fait agresser par un islamiste. 

Nouveau rebondissement dans l'affaire de l'agression de l'institueur de l'école Jean Perrin à Aubervilliers (Saine-Saint-Denis). Alors que deux à trois mois de prison avec sursis et 1 000 euros d'amende sont requis contre lui pour "dénonciation de crime imaginaire", l'instituteur a fait des nouvelles déclarations qui pourraient bien changer le cours de cette affaire comme le rapporte le journal 20 minutes. 

En effet, en décembre l'instituteur de marternelle avait déclaré s'être fait agresser par un islamiste radical se renvendiquant de Daesh avant de se rétracter et d'avouer s'être blessé tout seul. Jeudi il est revenu sur ces paroles en maintenant devant le tribunal de Bobigny s'être bien fait agresser par un homme le 14 décembre dernier. Il confirme ses premières déclarations, à savoir qu'un homme,en tenue de peintre, cagoulé, ganté s'était saisi d'un cutteur et l'avait menacé avant de lancer : "C'est Daech, c'est un avertissement".

Le procureur a estimé que ces aveus étaient un "scénario irrecevable" et assure que l'instituteur avait tout inventé. Il a également rappelé qu'aucun des témoins interrogés par les enquêteurs n'avait vu s'enfuir le présumé agresseur. 

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Une procédure "entachée d'irrugularités" 

Selon l'avocate de l'enseignant, Me Noémie Saidi-Cottier, la procédure visant son client est "entachée" de nombreuses irrégularités. D'après l'avocate, ses aveux ont été obtenus "dans des conditions contestables". "Après cinq heures d’interrogatoire, alors qu’il est sous morphine, il va finir par craquer", a-t-elle ajouté. "Il s’est auto-incriminé sans la présence d’un avocat", a évoqué son conseil, jugeant que la police avaient tardé à lui notifier ses droits.

Ce professeur d'une école maternelle à Aubervilliers depuis 22 ans est très apprécié par ses collègues qui le décrivent comme très investi dans son travail. Selon les enquêteurs, l'homme apparaît "fragile". Le juge a précisé que le prévenu lui même avait avoué avoir des problèmes d'alcool. Après la garde à vue, l'homme avait été hospitalisé dans la nuit après avoir subi des examens psychiatriques qui avaient conclu "à l'altération de son discernement et à l'incompatibilité de son état de santé avec une mesure de garde à vue". L'éducation nationale avait alors suspendu l'instituteur pour quatre mois.

Dans un climat de menace terroriste anxiogène, l'instituteur risque aujourd'hui six mois de prison et 7 500 euros d'amende pour "dénonciation mensongère à une autorité judiciaire ou administrative entraînant des recherches inutiles".