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Vendredi 9 janvier, deux jeunes hommes se sont insurgés pour faire cesser la prise d'otages à Vincennes. L'un est tombé sous les balles d'Amédy Coulibaly, l'autre a réussi à sortir pour aider la police.
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Alors qu’ils se trouvaient face à l’horreur, dans une situation terrifiante, deux hommes se sont distingués par leur courage. L’un est toujours en vie. Il s’agit de Lassana Bathily, employé du magasin Hyper Cacher qui est parvenu à s’échapper, après avoir mis à l’abri des otages dans une chambre froide qu’il avait pris soin de débrancher et de fermer à clé.

Le deuxième est Yoav Hattab. Fils du grand Rabbin de Tunis, ce jeune homme de 22 ans est tombé sous les balles d’Amédy Coulibaly après avoir tenté de tirer sur le preneur d’otage après s’être saisi de l’une de ses armes. En vain. Portraits croisés.

Au péril de leur vie

Les deux jeunes hommes ont pris une décision que peu de personnes oseraient assumer. Âgé de 24 ans, Lassana Bathily a choisi de prendre la fuite après avoir caché des otages dans une chambre froide. "Je leur ai proposé de sortir, mais ils ne voulaient pas. Je ne voulais pas les forcer" explique-t-il au micro de BFM TV. "J’ai pris le risque de sortir car je connaissais les issues de secours, mais si l’autre m’avait vu, j’étais mort" a-t-il poursuivi. Ce sont pour les mêmes raisons que ces deux jeunes hommes, Yoav Hattab et Lassana Bathily, ont posé leurs valises en France.

Le premier pour y poursuivre des études de commerce alors que le deuxième est arrivé en 2006 pour recevoir y une formation de carreleur. Cela fait quatre ans qu’il travaillait pour cette enseigne cacher en qualité de magasinier. De son côté, Yoav Hattab venait souvent dans cet Hyper Cacher car habitant à proximité.

Vendredi 9 janvier, alors que Lassana Bathily venait de prendre la fuite, le fils du grand rabbin de Tunis a choisi d’exprimer son courage d’une autre façon. Se saisissant d’une arme laissée sur le comptoir par Amédy Coulibaly, il l’a pointée sur son assaillant et a pressé la détente. Mais aucune détonation ne se fait entendre. L’arme était enrayée et l’auteur de la fusillade de Montrouge le frappera d’une rafale de Kalachnikov. "Malheureusement, ça n'a pas marché. Alors l'autre a déchiré mon fils avec des balles, je ne sais pas combien de balles" a expliqué son père, effondré, sur le plateau de France 2. "Regardez ce qui vient d’arriver à celui qui a essayé de se défendre" prévient Coulibaly aux autres otages. Fin de l’histoire pour Yoav Hattab que son père décrit comme "très courageux".

Juif et musulman

Quand Lassane Bathily arrive à sortir via le monte-charge donnant sur une porte de secours, mains en l’air, il se fait manu militari arrêter par la police qui le considère comme l’un des complices de cette prise d’otage. Noir, musulman pratiquant et parlant français avec un fort accent malien, le jeune homme répète en boucle aux forces de l’ordre qu’il travaille bien pour l’Hyper Cacher. En vain. Il reste menotté pendant près d’une heure et demie en compagnie des policiers sceptiques. Il faut attendre l’arrivée d’un employé d’une centrale d’achats travaillant avec le magasin pour que les policiers arrivent à le croire. Il aide alors la police à dessiner le plan de l’établissement qu’il connait "par cœur" tout en leur expliquant son geste, les gens cachés dans la chambre froide et les clés nécessaires à l’ouverture du rideau de fer.

Interrogé sur la portée symbolique de son geste, Lassane Bathily ne s’étale pas. "On est tous frères, juifs et musulmans, on est dans le bateau" explique-t-il sur le plateau de BFM TV. Un acte d’humanité et de bravoure qui lui vaudra les félicitations du président de la République qu’il a eu au téléphone. Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes ont demandé à l’Etat de lui décerner la légion d’honneur. Ayant récemment fait une demande de nationalité, l’intéressé a fait savoir qu’il saurait se contenter de papiers. "Franchement, je ne compte pas sur ce qu’il s’est passé pour que ça change quelque chose. Mais si je l’obtiens, ça sera un plaisir." A-t-il confié, modeste.