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Pendant près de huit heures, ce jeune graphiste est resté caché sous un évier dans l'imprimerie où s'étaient retranchés les frères Kouachi vendredi dernier, les laissant ainsi penser qu'ils étaient seuls dans le bâtiment.

A plusieurs reprises, il aurait pu être découvert et ainsi risqué d’être tué. Les frères Kouachi avaient déjà perpétré l’attentat à Charlie Hebdo lorsqu’ils ont décidé de se retrancher dans une imprimerie de Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne) vendredi dernier. Aussi, Lilian savait ce dont ils étaient capables.

"Il m’a donné les secondes nécessaires pour me cacher"

Pendant près de huit heures, ce graphiste de 26 ans est resté caché sous un évier, dans une pièce située juste à côté de celle où Saïd et Chérif Kouachi s’étaient installés, pensant alors qu’ils étaient seuls dans le bâtiment. Très ému, le jeune homme est revenu sur cette journée au micro de David Pujadas lundi soir sur France 2. C’est son patron qui l’aurait prévenu de l’arrivée des deux terroristes, via l’interphone. "Je ne l’ai pas cru. Je lui ai demandé s’il blaguait, il m’a répondu que non. Il est alors arrivé dans la pièce et m’a dit d’aller me cacher. Il a proposé un café aux deux terroristes. C’est lui qui m’a ainsi donné les secondes nécessaires pour me cacher", a-t-il raconté.

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Il a passé plus de huit heures "recroquevillé sur (lui)-même"

Lilian s’est ainsi réfugié dans le premier endroit qu’il a trouvé : "Je me suis blotti dans ce meuble, sous l’évier. Un meuble minuscule d’environ 70cm par 90cm, avec 50cm de profondeur. J’y suis resté plus de huit heures, recroquevillé sur moi-même". Tués dans l’assaut du Raid, les frères Kouachi n’ont jamais su qu’il y avait un « otage caché » tout près d’eux. "A un moment, l’un des deux a ouvert un autre placard juste à côté de moi, mais il ne m’a pas découvert. Il s’est ensuite dirigé vers le frigo puis est revenu vers moi. Il a bu au-dessus de moi. J’entendais l’eau couler dans l’évier. Le siphon fuit et je me suis retrouvé avec de l’eau dans le dos. C’était surréaliste. Je me suis dit qu’on ne voyait ça que dans les films”, s’est souvenu le graphiste.

Après plusieurs heures passées dans une position très inconfortable et avec la crainte d’être découvert, Lilian a repris espoir quand il a pu entrer en contact avec l’extérieur. En fin de matinée, le graphiste s’est risqué à prendre son téléphone dans sa poche de pantalon. Cela lui a pris un quart d’heure. “Mon premier réflexe fut de le mettre en mode silencieux (pour rester discret, ndlr) J’ai ensuite envoyé un SMS à plusieurs de mes proches (...) Mon beau-frère m’a répondu un premier message en me disant qu’il était en direct avec la police. Le moral est remonté à ce moment. Les larmes ont coulé, j’ai eu des tremblements. Je savais que désormais j’étais en contact avec l’extérieur", a-t-il expliqué à la télé.

"j’ai protégé mes flancs et ma tête et j’ai attendu"

Il aurait ainsi communiqué avec la police grâce à des messages qu’il envoyait sur le portable de sa mère. Son calvaire a finalement pris fin dans l’après-midi. “J’entends alors des détonations. Mon premier sentiment, c’est que la libération approche. Quand l’assaut est donné, je me dis 'enfin', ça y est, c’est parti. Je me suis recroquevillé, j’ai protégé mes flancs et ma tête et j’ai attendu (…)“Le GIGN m’a dit : 'On va venir vous chercher, bougez pas'. Je reconnais avoir désobéi, je suis sorti du placard et je me suis mis le plus loin de la porte, au cas où le couloir était piégé (...) Puis, j’ai entendu des voix dans le couloir, j’ai vu la porte s’ouvrir. Et puis la lumière", a-t-il indiqué, encore affecté par les évènements. Assurant qu’il « va bien », Lilian estime aujourd’hui qu’il a été "épargné" : "je n’ai pas eu de contact avec eux, je n’ai pas vu de choses sanglantes".