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Depuis quelques jours, la filière porcine est entrée dans une crise où agriculteurs et industriels se font face. Mais quelle est la raison de leur colère ?

Un chiffre après la virgule qui ne passe pas : voilà l’origine de la crise du porc… En effet, le 12 juin dernier, le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, avait fixé le cours du porc à 1,40 euro le kilo pour calmer les éleveurs porcins. Mais les industriels, qui exportent 30 % de leur production, jugent cette cotation trop chère par rapport à leurs concurrents européens qui pratiquent des prix plus bas en raison de normes sociales et environnementales moindre dans leur pays. Ainsi, 25 centimes en plus séparent le cours français du cours allemand.

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Deux industriels bloquent la cotation nationale du porc

Lundi, pour protester contre ce cours trop élevé, deux industriels majeurs ont décidé de faire de la résistance. Ainsi, la Cooperl et Bigard/Socopa, respectivement n°1 français du porc et leader de la viande en France, qui représentent à eux deux 30 % du marché du porc, ont décidé de ne pas participer au Marché du Porc Breton (MBP) à Plérin (Côtes d’Armor). Ce marché, où sont fixés deux fois par semaine (lundi et jeudi) les cours qui servent de référence à l’échelle nationale. Leur absence a donc empêché toute cotation, car sans eux "le prix ne peut pas être représentatif", a expliqué Jean-Pierre Joly, le directeur du MPB.

Suite à son coup d’éclat lundi, la Cooperl ne désarme pas et a annoncé qu’elle serait absente du MBP ce jeudi. En l’absence des deux grands industriels et de cotation, les transactions continuent mais difficilement entre éleveurs et abattoirs.

Un "chantage et une prise en otage des éleveurs"

Du côté des éleveurs, Paul Auffrait, le président de la Fédération nationale porcine (FNP), a dénoncé un "chantage et une prise en otage des éleveurs" par les deux grands industriels qui "voudraient que les prix baissent de 15 centimes par kilo." Il a également fustigé les "pratiques mafieuses" des industriels allemands et espagnols, "qui tournent à 5 euros de l’heure et s’assoient sur les normes sociales avec l’approbation de la Commission européenne".

En vue du conseil européen de l’agriculture le 7 septembre, Stéphane Le Foll a dit vouloir porter la situation au niveau européen et a d’ores et déjà promis que "tout sera mis en œuvre" pour que les cotations du porc reprennent ce jeudi au MPB.

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