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Le maire de Nice a déclaré que des djihadistes se cachaient parmi les clandestins arrivant. Une déclaration qui n'aurait aucun fondement factuel, selon un journaliste spécialiste du djihad.

Invité mardi sur France Info, le maire de Nice, Christian Estrosi, a déclaré que "parmi les migrants", "nous avons des terroristes de Daech qui s’infiltrent". "Nous le savons, les services de renseignements ne cessent de nous alerter là-dessus.", a-t-il soutenu.

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Pourtant, selon David Thompson, journaliste à RFI et spécialiste du djihad et de l’Etat islamique, la déclaration de Christian Estrosi ne reposerait sur aucune base factuelle. Ainsi, sur Twitter, le journaliste a écrit : "À ce stade, les propos de Christian Estrosi au sujet des migrants et de l'État Islamique sont factuellement faux. Jamais l'État Islamique n'a encore utilisé les flux de migrants pour s'infiltrer en Europe dans le but d'y réaliser des attentats. Cette option initialement diffusée dans la presse italienne, puis instrumentalisée politiquement, n'est présente dans aucun communiqué." Toutefois, David Thompson écrit également qu’une "telle option n’est pas non plus totalement exclue."

"Ses propos sont factuellement faux"

L’information s’était en effet propagée depuis un quotidien italien, Il Messagero, au mois de février dernier, qui se fondait sur des écoutes téléphoniques menées par la police où Daech aurait menacé d’envoyer entre 500 000 et 700 000 migrants en Europe afin d’agir comme une "arme psychologique".

Contacté par l’Express, le journaliste David Thompson explique plus en détail la situation : "La question principale, c'est la Libye. Aujourd'hui, la plupart des bateaux de migrants à destination de l'Europe partent de ce pays. Sauf qu'à ce jour, aucun bateau n'est sorti d'un port détenu par Daech. Ils partent aujourd'hui de territoires contrôlés par des milices qui combattent Daech, des réseaux crapuleux." Quant aux propos de Christian Estrosi : "On est uniquement dans la posture politique, il parle de quelque chose qui, à ce jour, n'existe pas (...) Ses propos sont factuellement faux", répond-il.

Le gouvernement n’écarte par le danger

Quoi qu’il en soit, l’hypothèse d’une infiltration de terroriste parmi les migrants est prise au sérieux par le gouvernement. Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur, déclarait dans le JDD que cela "pouvait arriver" avant d’ajouter : "Mais nous travaillons avec nos services de renseignements et nous n'octroyons pas l'asile à ceux dont nous savons qu'ils ont des activités terroristes."

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