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Entre mars et avril, deux étudiants en médecine français expatriés en Roumanie ont mis fin à leur jour. Deux autres ont fait une tentative de suicide.

Après avoir raté leurs études de médecine en France, de nombreux étudiants français partent étudier en Roumanie. Au sein de cette communauté de 500 étudiants expatriés, un phénomène macabre se produit depuis le mois de mars. Deux suicides et deux tentatives de suicide ont eu lieu malgré un cadre de vie idéal.

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Une situation alarmante qui préoccupe les autorités françaises. La France a envoyé un psychiatre sur place. Des téléconsultations via Skype ainsi qu’un numéro d’appel d’urgence ont également été mis en place, comme le rapporte France Info.

Ainsi, Margaux Baudin, étudiante en médecine de 24 ans à Cluj en Roumanie, a mis fin à ses jours le 3 mars dernier. Cette étudiante, qui avait échoué à deux reprises en France, avait décidé de réaliser son rêve de devenir médecin en allant étudier en Roumanie en 2010.

Rémi, le père de la jeune femme, a indiqué que "ce geste irrémédiable est plutôt un burn-out qu'autre chose". "Tous les médecins nous ont dit qu'une heure avant, elle ne savait pas ce qu'elle allait faire. Ça lui a pris d'un coup", a-t-il expliqué. Il a d’ailleurs créé une association pour les étudiants français à l’étranger (APFE).

Des étudiants sous pression

"Ils sont tous soumis à une très forte pression, des études, d’un devoir de performance, de devoir faire ses preuves, d’être à la hauteur des espérances familiales", a signalé le docteur Pascal Pannetier présent sur place. D’après lui, un étudiant sur cinq ne va pas bien et beaucoup ont déjà pensé au suicide.

En effet, ces étudiants expatriés ont le sentiment d’être dénigrés parce qu’ils n’ont pas suivi le cursus classique en France. En sixième année, les étudiants en médecine doivent passer l’ECN, l’examen de classement national qui définit les affectations et les spécialités. Ceux qui étudient en France ont accès à une plate-forme numérique mais pas les étudiants expatriés. Paul Vara, un étudiant en cinquième année, affirme qu'ils sont "ostracisés en permanence" alors que la filière de Cluj est reconnue depuis longtemps.

"C’est la médecine qui l’a tuée"

"Elle disait toujours qu’elle voulait devenir médecin et elle avait cette ambition depuis l’âge de 14 ans, c’était vraiment dans ses tripes", a raconté Rémi. "Elle se disait ‘si je rate mon ECN, qu’est-ce que je vais pouvoir faire ? Elle s’est dit qu’elle n’y arriverait jamais, elle ne voyait pas comment elle pouvait être médecin. C’est la médecine qui l’a tuée", a-t-il déploré.

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