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En acceptant ce portefeuille, les futurs ministres savent qu'ils devront batailler pour faire passer leur(s) réforme(s). Beaucoup d'entre eux ont ainsi reculé face à la rue.

Ne touche pas à l’école qui veut, même le ministre de l’Education nationale. C’est en substance la formule que doivent se répéter les locataires de la rue de Grenelle l’un après l’autre. Il faut dire que les ministres en question ne restent jamais longtemps : Benoît Hamon (4mois), Vincent Peillon (2 ans), Xavier Darcos (2 ans), François Fillon (1 an)…

Il est vrai que les menaces de grèves à l’appel des syndicats d’enseignants ou même des lycéens, de même que l’opinion publique, ont fait tomber plus d’une fois des têtes.

Actuellement, c’est Najat Vallaud-Belkacem qui, avec sa réforme du collège et des programmes scolaires, est en pleine tempête politico-médiatico-intellectuelle. Ce mardi, plusieurs syndicats d’enseignants ont défilé dans les rues : entre 30% et 50 % des professeurs auraient battus le pavé.

Avant elle, et sans remonter à l’époque de Jules Ferry, beaucoup se sont cassé les dents au moment de présenter leur réforme aux Français.

D’Alain Savary à Vincent Peillon, les ministres emportés par leur réforme

Le plus récent est Vincent Peillon (mai 2012-avril 2014). Premier ministre de l’Education de l’ère Hollande, celui-ci avait dû quitter son poste suite à la réforme des rythmes scolaires qui a provoqué la grogne des enseignants et surtout une grosse colère de la part des parents d’élèves.

Quelques années plus tôt, l’académicien Xavier Darcos (mai 2007-juin 2009) était lui aussi emporté par sa réforme du lycée qu’il souhaitait "modulaire". De plus, c’est sous son ministériat que les suppressions de postes de professeurs ont commencé. Pas vraiment de quoi se faire apprécier du monde enseignant…

Auparavant, Claude Allègre (juin 1997-avril 2000) avait voulu passer en force sa réforme de l’éducation, c’était sans compter la rue. Celui qui voulait "dégraisser le mammouth" entame alors un bras de fer avec le monde enseignant en voulant mettre fin à une gestion des affectations et des mutations encadrée par les syndicats. Le conflit avec les enseignants conduit à des manifestations en mars 2000 qui contraignent Claude Allègre à remettre sa démission.

Son lointain prédécesseur, Alain Savary (mai 1981-juillet 1984), a connu ce que tous les ministres de l’Education nationale redoutent : une manifestation gigantesque. Tout premier à occuper ce poste en tant qu’homme de gauche sous la Ve République, celui-ci entend unifier l’école privée et celle publique. Mais sa tentative se heurte à la fronde des parlementaires de droite qui parviennent à mobiliser plus d’un million de manifestants dans les rues. Désavoué, Alain Savary remet sa démission à François Mitterrand.

Julien Dray prophétise 1 million de manifestants

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Si Najat Vallaud-Belkacem a tous ces exemples en tête, pas sûr qu’elle se sente à l’aise à l’approche de l’été. En effet, les mois d’avril à juillet sont souvent le moment où les ministres de l’Education nationale démissionnent : Peillon (avril), Chatel (mai), Darcos (juin), Gilles de Robien (mai), Fillon (juin), Allègre (avril), Bayrou (juin), etc.

De plus, le cadre du PS, Julien Dray, a tenu à mettre en garde le président de la République au sujet de son ministre : "Si tu ne recules pas sur la réforme des collèges, il y aura, à la rentrée prochaine, un million de personnes dans la rue mobilisées par la droite qui n'attend que cette occasion", a expliqué le socialiste qui s'élève contre le "risque insensé" à "soutenir aveuglément" Najat Vallaud-Belkacem.

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