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Depuis que Marine Le Pen a pris la succession de son père à la tête du FN, celle-ci s'efforce de désamorcer les provocations médiatiques du président d'honneur du parti.

Comme un caillou dans la chaussure. Cela fait maintenant un peu plus de 4 ans, depuis son accession à la présidence du parti, que Marine Le Pen s’efforce de faire bonne figure et de cacher son embarras devant les propos de son père.

Pas plus tard que jeudi dernier, sur BFMtv, Jean-Marie Le Pen a eu l’occasion de (re)donner des sueurs froides à sa fille. Interrogé par Jean-Jacques Bourdin sur ses propos polémiques de 1987, le président d’honneur du FN n’a pas changé d’un pouce : "Ce que j’ai dit correspondait à ma pensée… que les chambres à gaz étaient un point de détail de l’histoire de la guerre. À moins d’admettre que c’est la guerre qui est un point de détail des chambres à gaz."

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Aussitôt, Marine le Pen a exprimé son "profond désaccord sur le fond et sur la forme", en rajoutant que "ces déclarations n’entach(ai)ent pas le crédit du FN" mais celui de Jean-Marie Le Pen. Une volonté de se démarquer de ces propos afin de ne pas compromettre la stratégie qu’elle s’est fixée depuis son intronisation, à savoir la dédiabolisation du parti.

"Personne ne peut faire taire Jean-Marie Le Pen"

Une stratégie mise à rude épreuve tant les sorties polémiques du président d’honneur sont légion. "Personne ne peut faire taire Jean-Marie Le Pen", a avoué un membre du bureau politique à BFMtv.

En mars 2014, quand Jean-Marie Le Pen avait avancé la "solution" de "Monseigneur Ebola" pour faire face à la surpopulation mondiale, sa fille avait tenté de rectifier le tir : "(S)es propos ont été dénaturés, il ne parlait pas d'immigration, il ne parlait pas de la démographie africaine, il parlait de la démographie mondiale".

Trois mois plus tard, elle avait ensuite parlé d’une "faute politique" quand son père avait utilisé le terme de "fournée" à l’égard du chanteur Patrick Bruel au milieu d’autres artistes incriminés. Marine Le Pen avait alors pris les devants en n’hébergeant plus sur son site internet officiel le "journal de bord" du président d’honneur dans lequel il réagissait à l’actualité. L’affaire avait créé une dissension entre les deux, à tel point que Jean-Marie Le Pen avait diffusé une lettre publique adressée à "Madame la Présidente" pour éteindre la polémique autour de lui.

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Point d’orgue de cette tension entre le père et la fille, un conflit personnel qui éclate en octobre de la même année quand le chien de Jean-Marie mange une chatte de Marine. Celle-ci, folle de rage, quitte alors le domicile familial de Montretout pour s’installer dans les Yvelines. La discussion semble alors interrompue entre les deux.

Une différence de stratégie

Sur le fond, une différence de stratégie semble être le moteur de leurs bisbilles. Dans Le Figaro, la présidente du FN s'en est ouverte : "Il pense que la polémique est positive pour le mouvement. Evidemment, je suis profondément en désaccord avec cela. Je l'ai dit et redit maintes fois." Elle note que Jean-Marie Le Pen, guidé par sa "théorie" du "je-dis-ce-que-je veux", ne "prend acte de rien" et poursuit une stratégie personnelle axée sur la provocation et les "propos chocs". De son côté, Jean-Marie Le Pen avait déclaré au micro de Jean-Jacques Bourdin à propos de la stratégie de sa fille : " Elle se trompe. Nous avons une divergence d'analyse qui est assez sérieuse. Moi, je dis que la pire manière de combattre un adversaire politique c'est le silence, si on n'en parle pas, il est mort. Or par chance nos adversaires nous ont attaqués, les polémiques qu'ils ont créées à notre sujet nous ont permis de nous défendre, d'exposer nos idées, de saisir l'opinion."

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