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Six mois de prison ferme ont été requis ce mardi contre un motard filmé à plus de 200 km/h lors d'un reportage télévisé. D'autres personnes ont été interpellées par la police suite aux enquêtes de journalistes.
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Le motard sur TMC

Le parquet d’Évry a requis ce mardi six mois de prison ferme contre un motard effectuant des roues arrières à grande vitesse sur l'autoroute A6. Reconnu par les gendarmes dans un reportage diffusé le 4 novembre sur TMC, le motard se nomme Fabrice Monrose et est âgé de 44 ans, rapporte l'AFP. "Je viole la loi (…) Oui je suis un délinquant", lance-t-il à la caméra, le visage flouté. Interpellé quelques jours après la diffusion du reportage, l'homme a affirmé avoir été piégé par un journaliste qui "a insisté pour que ce soit dans un milieu ouvert". Si rien ne prouve cette version, le fait est que l'enquête diffusée sur TMC a favorisé l'arrestation du motard et la saisie de son véhicule. "J'ai besoin de ma moto pour mes courses, je représente la France au championnat du monde de wheeling (roue arrière)", a-t-il ajouté.

Qui est qui ? Ce motard n'est pas le seul a avoir été épinglé suite aux travaux de journalistes. Cela fait plusieurs fois que les médias encouragent, volontairement ou non, la neutralisation de criminels. De quoi poser la question du rôle de chacun, mais surtout celle de la déontologie journalistique.

Les pédophiles du reportage "Les Infiltrés"

Le reportage de France 2 "Les Infiltrés", diffusé le 6 avril 2010, avait marqué les esprits. Et pour cause, le magazine d'investigation s'était attaqué aux pédophiles sur Internet avant de les dénoncer, cette fois-ci sciemment. Une année d'enquête avait permis aux reporters d'infiltrer un réseau de l'ombre. Après une prise de contact sous des pseudonymes de jeunes filles, les journalistes avaient finalement rencontré les pédophiles avant de les interviewer, visages floutés et voix truquées. "En activité", les criminels collectionnaient des fichiers pédo-pornographiques.

Outre son sujet effrayant, l'enquête avait fait parler d'elle quand le journaliste Laurent Richard avait dénoncé les pédophiles rencontrés. "Certains pédophiles avaient l'intention d'abuser d'enfants", s'était justifié le journaliste. Plus de 20 personnes avaient été interpellées. S'il avait invoqué un cas de conscience et l'article 434-1 du Code pénal qui punit la non-dénonciation d'un crime susceptible d'être empêché, le rédacteur en chef avait néanmoins suscité nombre d'interrogations. La déontologie journalistique voudrait que de telles dénonciations ne voient jamais le jour. "On ne va pas s'empêcher de dénoncer un violeur de mineurs parce qu'on a notre carte de presse !", avait rétorqué David Pujadas, présentateur de l'émission.

Les vendeurs de drapeaux de Daech sur M6

Le 26 novembre dernier, un couple soupçonné de propagande djihadiste a été arrêté dans l'Ain. L'interpellation des conjoints qui faisaient commerce de drapeaux de l’État islamique et d'autres objets de propagande a été permise par un reportage de M6. Diffusé le 23 novembre, le reportage d'"Enquête exclusive" mettait en scène un couple filmé à son insu se vantant du succès des ventes de matériels djihadistes sur Internet. Seulement, si leurs visages étaient cachés, leur quartier ne l'était pas. Ainsi, les habitants d'Ambérieu-en-Bugey avaient reconnu leur rue avant d'avertir les forces de l'ordre. Le couple avait été mis en garde à vue afin "de déterminer les circonstances précises de l'activité commerciale", selon le procureur. Deux semaines auparavant, une nouvelle disposition pénale renforçant la lutte contre le terrorisme et réprimant l'apologie de cette violence avait été adoptée. Elle prévoit jusqu'à sept ans d'emprisonnement et 100 000 euros d'amende lorsque la provocation au terrorisme est commise sur Internet.

La rafle d'homosexuels en Égypte

 

Les faits en question sont bien plus graves et relèvent davantage des convictions personnelles de la journaliste que des fuites ou cas de conscience précédemment cités. Survenus en Égypte, ils n'auraient jamais pu se produire dans l'Hexagone et ont créé l'indignation d'une partie du pays, et du monde. Le 7 décembre 2014, une trentaine d'homosexuels a été arrêtée dans un hammam du Caire. La rafle a été permise par la journaliste égyptienne Mona Iraqi qui a dénoncé les individus à la police. Mona Iraqi avait poussé les portes du hammam pour révéler "des images où l'on pratique la déviance sexuelle", pouvait-on lire sur son compte Twitter. Pour le coup dépourvue de toute déontologie, la journaliste avait filmé l'arrestation, ensuite diffusée dans son émission "Ce qu'on nous cache" (Al-Mestakhabi). Les internautes avaient vivement réagi : "La 'journaliste' Mona Iraqi fait honte à sa profession en collaborant avec la police pour arrêter et humilier des homosexuels au Caire", pouvait-on lire sur les réseaux sociaux.