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Ce mercredi, Bruno Gollnisch a répondu aux soupçons d'emplois fictifs qui pèsent auprès d'eurodéputés FN. Une pratique qu'il a estimé "normale" et "répandue".

Drôle de défense. Pour tenter de justifier les soupçons qui pèsent sur la vingtaine d'assistants aux députés FN du Parlement européen, Bruno Gollnisch a assuré que la pratique était "normale", rapporte l'AFP. En somme, devant le Parlement européen, il n'a ni cherché à nier, ni cherché à contredire les accusations, il a tout simplement vulgarisé une fraude en estimant que d'autres faisaient de même. Quoi qu'il en soit, si cette fraude était confirmée, elle s'élèverait à 7,5 millions d'euros.

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Une situation "normale"

La saisie de l'Office européen de lutte antifraude (Olaf) concernant les emplois fictifs de 20 assistants FN a fortement déplu à Bruno Gollnisch. Devant le Parlement, l'eurodéputé FN a affirmé que Martin Schulz, le président de l'institution, estimait "à tort, incompatible la situation d'assistant parlementaire et les responsabilités au sein d'un parti". Il n'a donc pas démenti les accusations du Parlement, mais a plutôt remis en question le règlement. L'eurodéputé a ensuite affirmé que la pratique était "répandue" et pratiquée par bon nombre de partis. "Il (Martin Schulz) devrait soumettre à enquête l'ensemble des députés et assistants, à commencer par ses amis socialistes", a lâché Bruno Gollnisch. Il a ensuite explicitement mis en cause ses homologues auprès de l'AFP : "la situation qui est montrée du doigt est parfaitement normale, et pratiquée absolument par tous les députés".

"Nous sommes dans notre bon droit", vraiment ?

Conscient qu'un tel argumentaire ne pouvait suffire, Bruno Gollnisch a précisé à l'AFP : "ça ne veut pas dire que nous sommes malhonnêtes. Nous ne cherchons pas à nous excuser en disant que les autres ont fait pareil. Nous sommes dans notre bon droit". S'il a en réalité tenté de justifier les accusations en invoquant les éventuelles dérives des autres, l'eurodéputé s'est également trompé dans cette fin de déclaration. Selon le règlement du Parlement européen et notamment l'article 33-2, les assistants étant tenus d'un contrat avec l'institution ne peuvent exercer de fonctions à responsabilité dans un parti, ils peuvent tout au plus être militants. Ici les mis en cause sont inscrits dans l'organigramme du FN et occupent des postes stratégiques.

Une pratique réellement répandue ?

Si elle n'excuse pas les méfaits des assistants FN, la pratique "répandue" d'après M. Gollnisch l'est-elle réellement ? Interrogée par l'AFP après ces déclarations, l'eurodéputée Pervenche Berès a assuré qu'au siège du PS elle n'avait remarqué aucun "collaborateur de député européen qui pourrait correspondre". A Strasbourg, des députés ont malgré tout évoqué de probables "dégâts collatéraux" concernant les assistants "locaux", moins simples à contrôler. On est cependant bien loin de la pratique opérée "absolument par tous les eurodéputés", comme l'a affirmé Bruno Gollnisch. Pervenche Berès a estimé que "des ajustements ailleurs" pourraient être nécessaires.

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