AFP
Interrogé jeudi sur les caricatures de Charlie Hebdo, le pape François a estimé que la liberté d'expression était un "droit fondamental" qui n'autorisait cependant pas à "insulter la foi d'autrui".

Depuis l’attentat jihadiste du 7 janvier contre le siège de Charlie Hebdo, la question de la liberté d’expression anime de nombreux débats. En publiant son dernier numéro, ayant pour "Une" la caricature du prophète Mahomet, le journal satirique s’est une nouvelle fois attiré les foudres du monde musulman, et pas que. En effet, jeudi lors d’une conférence de presse qui se déroulait dans un avion en direction de Manille (Philippines), le pape François a été interrogé sur le sujet, a rapporté l’AFP. Selon lui, la liberté d’expression aurait ses limites et ne donnerait en aucun cas le droit "d’insulter la foi d’autrui".

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"On ne peut provoquer la foi des autres"

"Chacun a non seulement la liberté, le droit, mais aussi l’obligation de dire ce qu’il pense pour aider au bien commun. Il est légitime d’user de cette liberté mais sans offenser", a affirmé avec force le pape François lors de la conférence de presse avant d’ajouter, "on ne peut provoquer, on ne peut insulter la foi des autres, on ne peut la tourner en dérision". Aussi, afin d’appuyer ses propos, le pape a usé d’une formule étonnante : "Si un grand ami parle mal de ma mère, il peut s'attendre à un coup de poing, et c'est normal".

Tuer au nom de Dieu est une "aberration"

Si le Chef de l’Eglise estime cependant que la religion et la liberté d’expression sont "toutes les deux des droits de l’Homme fondamentaux", il condamne fermement les meurtres commis au nom de la religion. "On ne peut offenser ou faire la guerre, ou tuer au nom de sa propre religion, au nom de Dieu !", a-t-il déclaré. Selon lui, il faut "croire avec liberté, sans offenser, sans imposer, sans tuer" et tuer au nom de Dieu constitue une véritable "aberration".

Le pape François a cependant rappelé le rôle de la chrétienté dans les guerres de religion : "Ce qui se passe actuellement avec les attentats islamistes nous étonne, mais pensons à notre Eglise : combien de guerres de religion nous avons eu, pensons à la nuit de la Saint-Barthélemy. Nous avons été aussi pécheurs".

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