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Alors que la France se rassemblait dans le recueillement, le parti frontiste a joué la carte de la marginalisation et a été pointé pour sa tentative récupération politique.
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Le temps de l’union nationale aura été de courte durée du côté du Front national. Si Marine Le Pen a hurlé à l’exclusion de la Marche Républicaine qui s’est tenue dimanche à Paris, aucune interdiction ne lui avait pourtant été adressée. Outre le fait d’avoir boudé ce rassemblement historique pour aller se faire applaudir dans une ville gardoise acquise au FN, Marine Le Pen n’a pas su résister aux tentatives de récupération. Quitte à prendre le risque de se marginaliser. Décryptage.

Récupérations en série

Jeudi 8 janvier, les cadavres des victimes de l’attaque de Charlie Hebdo étaient encore chauds que Marine Le Pen instrumentalisait déjà l’émotion suscitée par le drame. En demandant un référendum sur la peine de mort, la présidente du FN brisait ostensiblement le silence du recueillement à des fins politiques. Dans ces conditions, il lui était dès lors difficile de condamner "la politique politicienne" pour dénoncer les responsables politiques qui se sont opposés à la participation du FN au grand rassemblement du dimanche 11 janvier.

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Car si quelques personnalités de gauche ont exprimé leur opposition à la participation du parti frontiste, d’autres au contraire se sont montrés indifférents à l’image de Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, qui a déclaré : "participe qui veut et qui se sent concerné" à ce sujet. Mais qu’importe, l’eurodéputée s’est auto-désignée "persona non grata" arguant le fait qu’elle ne voulait "pas s’imposer".

"Je suis Charlie Martel"

Vendredi 9 janvier. La France était suspendue aux chaînes d’infos pour suivre la double prise d’otage qui avait lieu. Alors que les circonstances sont terrifiantes et que le monde s’indigne de l’attentat perpétré à l’encontre Charlie Hebdo, Jean-Marie Le Pen poste sur Twitter une photo de sa fille avec cette inscription : "Keep Calm and Vote Le Pen" (restez calme et votez Le Pen).

Une récupération politique qui tombe très mal au regard du contexte mais à laquelle il va rajouter le sel de la provocation. Contacté par Le Huffington Post, le fondateur du parti d’extrême droite persiste et signe : "je ne suis pas Charlie, je suis Charlie Martel" a-t-il ironisé en faisant référence à la célèbre bataille de Poitiers au cours de laquelle Charles Martel a stoppé l’invasion musulmane. Un slogan par ailleurs repris du groupe Génération Identitaire, peu sensible aux discours de dédiabolisation du FN.

En roue libre, Jean-Marie Le Pen a remis une pièce dans la machine dimanche déclarant : "Tous ces gens marchent avec la pancarte ‘Je Suis Charlie’ alors qu’en fait ce sont des charlots qui sont responsables de la décadence de la France. Et pour conclure cette manœuvre de récupération politique, le patriarche a officialisé sa candidature comme tête de liste en région PACA le même jour…

"Une provocation très 'Charlie'"

Dans ce contexte, difficile de sauver les meubles. Marion Maréchal Le Pen a pourtant essayé. Invitée ce mardi 13 janvier au micro de RTL, la députée du Vaucluse a trouvé que les propos de son grand-père n’étaient rien d’autre qu’une blague.

"Non je n’ai pas trouvé ça drôle, mais finalement, c’est une provocation très Charlie du coup" a-t-elle déclaré avant de jurer que le FN était le seul parti à défendre l’hebdomadaire satirique au moment de la sortie des caricatures de Mahomet ce qui, comme l’expliquent nos confrères du Lab, est profondément erroné.

Malgré les discours de dédiabolisation, le Front National a préféré jouer la carte de la marginalisation. En témoignent les airs de meeting décrits lors de marche à Beaucaire où la foule était principalement composée frontistes.

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