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Alors que la ministre de l'Ecologie a décidé jeudi d'enterrer le projet d'écotaxe, son collègue aux Finances a émis de sérieuses réserves.

Bras de fer en vue au sein du gouvernement ? Ségolène Royal jeté un pavé dans la mare jeudi en annonçant le report "sin die" du projet d’écotaxe. Une annonce qui n’a pas convaincu Michel Sapin, lequel n’a pas tardé à le faire savoir.

Une décision "bienvenue" mais…Rapidement, et en marge d’un déplacement à Washington (Etats-Unis), le ministre des Finances a fait part de ses doutes quant au bienfondé de cette décision. Celle-ci est "bienvenue", a-t-il d’abord estimé avant d’ajouter : "mais elle pose beaucoup de questions de financement". En effet, en suspendant le péage de transit poids lourds qui faisait débat, Ségolène Royal a certes stoppé la mobilisation que les transporteurs routiers auraient pu mettre en place pour protester, mais pas que. La ministre a également soulevé une nouvelle question et pas des moindres. "S'il n'y a plus le revenu de l'écotaxe il faudra soit diminuer les dépenses (du fonds de financement des infrastructures alimenté par l'écotaxe) soit trouver une recette de substitution", a commenté Michel Sapin.

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Une faille au niveau de la compensationEt alors que sa collègue a déclaré qu’elle préférait "un prélèvement sur les sociétés d’autoroute" plutôt "que de refaire payer les automobilistes (…) qui ont déjà payé plus que leur prix l’utilisation des autoroutes", le ministre des Finances s’est attaché à démonter cette idée. "Les sociétés autoroutières ont bénéficié (…) de contrats extrêmement avantageux, extrêmement bien faits. Ils prévoient que s'il y a une augmentation de fiscalité (...) il doit y avoir une compensation", a-t-il ainsi rappelé."Et la compensation, c'est l'augmentation du péage, est-ce que c'est une bonne solution, y compris pour les camions ? Je n'en suis pas absolument certain", a-t-il ajouté.

Et celui-ci de poursuivre : "Ou si la compensation, c'est de rallonger encore la concession, alors que nous trouvons que cette concession est déjà extrêmement avantageuse, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne solution", faisant alors référence à l’annonce faite par Emmanuel Macron cette semaine. Mardi, le ministre de l’Economie s’est engagé à faire prochainement toute une série de propositions pour rétablir un meilleur équilibre entre les tarifs pratiqués par les concessions autoroutières et la rentabilité qu’elles en tirent. Une annonce qui fait suite à la remise d’un rapport de  l’Autorité de la concurrence, laquelle a dénoncé la "rentabilité exceptionnelle" enregistrées par ces entreprises en 2013. Selon elle, celle-ci s’établissait entre 20% et 24%.

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Cécile Duflot dénonce une "erreur désastreuse"Plus virulente que son ancien collègue Michel Sapin, Cécile Duflot n’a pas mâché ses mots pour qualifier l’annonce de Ségolène Royal. ."Je considère que c'est une erreur désastreuse", a-t-elle lâché ce vendredi matin sur RTL. "Est-ce que vous pensez qu'il y a deux ans et demi, quand j'ai accepté d'entrer au gouvernement, j'imaginais que l'on allait abandonner l'écotaxe, augmenter le diesel pour faire payer les particuliers à la place des camionneurs, que l'on allait mettre en cause les chômeurs et avoir une politique qui va à l'encontre des transports en commun ?", a-t-elle fustigé.