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Trois ans après sa démission du gouvernement, Michèle Alliot-Marie sera candidate aux élections européennes de mai prochain. L'ancienne ministre mènera bataille dans le Sud-Ouest, a annoncé la Commission d'investiture de l'UMP au terme de nombreuses tractations. "Ravie" de cette décision, MAM s'est confiée à Planet.fr sur ses projets, sa campagne et ses relations avec Nicolas Sarkozy.

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Planet : Comment avez-vous réagi à l’annonce de la décision de la Commission d’investiture de l’UMP ? Michèle Alliot-Marie (MAM) : "Au départ, je ne pensais pas du tout à aller dans ces élections intermédiaires mais on est venu me chercher, et aujourd’hui je suis très heureuse de la confiance qui m’est accordée. Je pensais pourtant me réserver pour 2017 et j’avais vraiment fait l’impasse sur ces élections. Mais c’est évidemment dans ces cas-là que tout le monde viens vous solliciter. Que ce soit pour les européennes ou pour les municipales. Planet : Votre candidature aux élections municipales de Neuilly-sur-Seine a un temps été évoquée avant de finalement être écartée par la fédération UMP des Hauts-de-Seine. Quel souvenir en gardez-vous ?MAM : Je n’ai jamais dit que je voulais y aller. J’ai découvert un jour avec surprise dans la presse que je me présentais à Neuilly. Il suffit que vous ne disiez rien pour qu’on vous fasse dire des choses ! Je n’ai jamais dit que j’avais l’intention, que j’envisageais ou que je voulais aller à Neuilly. Et même si je suis attachée à cette ville, je ne me voyais pas quitter Saint-Jean-de-Luz. Et puis de toute façon, ce n’était pas mon truc, ce n’était pas mon image. Ce qui a d’ailleurs été confirmé ensuite par les quelques personnes qui m’ont dit que j’avais raison.

Planet : Dans le Sud-Ouest, vous succédez au député européen Alain Lamassoure, lequel a dû vous céder sa place non sans amertume. Il a tenu des propos relativement durs à votre égard. Qu’en pensez-vous ?MAM : Ca ne me concerne pas. Je ne suis pas là pour répondre à des propos polémiques. Je suis là pour rassembler. C’est ce que j’ai toujours fait et je ne m’intéresse pas à ce genre de choses.

Planet : Maintenant que vous avez êtes candidate aux élections européennes, qu’allez-vous faire ?MAM : Mon premier rôle est d’essayer de ramener le maximum de voix sur les candidats qui seront ceux de la liste. Dans les jours à venir, je vais donc contacter les grands élus qui m’ont soutenue et les consulter en vue de constituer la liste et d’organiser la campagne. J’ai l’intention d’aller au contact des agriculteurs, des industriels, des associations et de tous ceux qui sont concernés par la politique européenne. Je veux entendre ce qu’ils ont à dire. Vous allez me voir beaucoup sur le terrain !

J’ai eu beaucoup de retours de la part des cadres de l’UMP qui sont ravis que je sois candidate, que je porte l’image du parti. Ils sont contents que ce soit ma façon de voir et faire l’Europe qui soit mise en avant à l’occasion de cette campagne. Je suis la seule qui ait réellement fait avancer l’Europe de la défense en créant notamment l’Agence européenne de défense et la force européenne de gendarmerie. Et je ne peux que regretter que par la suite, elle ait plutôt régressé par rapport à tout ce que j’avais fait. L’UMP travaille pour faire des propositions sur un certain nombre de sujets mais moi je pense qu’il faut encore autre chose. Il est nécessaire de créer une vraie participation des Français à la prise de décisions et à la mise en œuvre de ces décisions. Et c’est justement sur cela que le Chêne est en train de plancher.

Planet : Trois ans après votre démission du gouvernement, cette candidature aux élections européennes est-elle l’occasion de faire votre retour ?MAM : Je n’ai pas l’impression d’avoir abandonné la politique. Que ce soit au travers des deux livres que j’ai écrits et qui sortiront prochainement chez Plon, des interviews que je donne sur de nombreux sujets et à de nombreuses reprises, et de tout ce que je fais au plan international, je n’ai pas le sentiment de m’être effacée. Je rentre d’ailleurs tout juste du Mexique où je participais à un forum de personnalités de hauts niveaux. Là, dans ce type d’évènement, on parle de la vraie politique, des enjeux de demain et de ce que l’on peut faire concrètement. Je pense que je représente celle qui peut avoir le profil, le discours, l’attitude et faire la campagne qui est le mieux à même de rassembler tous ceux qui se disent que l’Europe peut être utile mais qu’il faut une autre Europe.

Planet : La Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques a récemment épinglé votre partir à cause de ses comptes qui ne seraient pas conformes. Pouvez-vous nous en dire plus ?MAM : Alors là, c’est vraiment ‘peanuts’. C’est un problème administratif. Visiblement, l’ancien trésorier a transmis des tas de documents à la Commission et dans tous ces documents il y a un tableau récapitulatif de l’ensemble des dons et adhésions qui ne dit pas exactement la même chose que les autres. Il y a un décalage de 1885 euros. Nous avons donc engagé un recours gracieux pour rétablir la situation. C’est seulement une erreur dans les transmissions. Planet : Comment sont vos relations avec Nicolas Sarkozy ?MAM : Je le vois régulièrement, une fois tous les 4-5 mois environ. Je l’appelle également. La dernière fois que nous nous sommes parlé, il m’a redit qu’il était assez favorable à ce que j’aille aux européennes. Avant déjà, il me poussait à garder un mandat. Et quand je lui disais que je préférais attendre 2017, il me répondait c’est toujours mieux d’avoir un mandat pour s’exprimer, que c’est toujours mieux d’être plus audible de la part des médias. Planet : Envisagez-vous de présenter votre candidature pour l’élection présidentielle de 2017 ?MAM : Aujourd’hui, je crois sincèrement que les Français ont d’abord envie qu’on essaie de les écouter, qu’on leur donne le sentiment de s’occuper vraiment d’eux plutôt que de la carrière personnelle de tel ou tel. Donc aujourd’hui ce n’est pas mon problème de savoir ce que je ferai en 2017. Mais je n’exclue rien. On verra bien, on fonction des circonstances. Au vue de la catastrophe que représente la politique socialiste, ce sera forcément pire dans trois ans. Les bêtises d’aujourd’hui se paieront demain. Mais pour autant, on ne peut pas savoir avec exactitude comment sera la situation dans trois ans. Une élection présidentielle, ça se joue à très peu de choses près, en fonction d’actions et de sentiment à un moment donné. Et pour l’instant je n’en sais rien".