Depuis quand jette-t-on des excréments en signe de protestation ? abacapress
De la bible aux 120 journées de Sodome en passant par la Divine Comédie de Dante, cette pratique a fait l'objet d'adaptations diverses. 

© abacapressLe lancer d’excréments sur autrui est une figure classique de la protestation sociale et selon les anthropologues elle s’apparenterait à celle du chimpanzé, grand lanceur de fèces devant l’éternel. Le but est avant tout d’humilier un ennemi. Directement ou à son insu. Dans l’Ancien Testament, Dieu ordonne au prophète Ezéchiel de préparer des gâteaux d’orge cuits avec des excréments et de les faire manger aux israélites pour les punir. 

Dans l’Egypte antique, on ingurgitait parfois des mixtures magiques, des "remèdes repoussants". Avalés, ils fournissaient une alimentation répugnante à l'esprit néfaste s’emparant d’un corps et permettait de le chasser. Dans la composition de ces "remèdes", on trouvait notamment des excréments empruntés à l'âne, au crocodile, ou à l'homme. Effet collatéral, les infections provoquées par l’ingestion de ces mixtures (papyrus Hearst) tuaient plus souvent le "possédé" plutôt que les forces surnaturelles l’investissant.

L'envoi d’excréments sur le visage d’un tiersDans un genre plus direct, l’envoi d’excréments sur le visage d’un tiers est un usage qui ne s’est jamais démenti. "(…) en bas dans la fosse, je vis des gens plongés dans une mare d’excréments (…) j’en vis un dont la tête était si salie d’ordures, qu’on ne pouvait reconnaître s’il était laïque ou clerc", raconte Dante dans l’un des chants de la Divine comédie. C’est une pratique que l’on trouve aussi dans l’œuvre de Sade (Les Cent Vingt Journées de Sodome).

Plus récemment Claire Chazal, le metteur en scène Jean-Michel Ribes, ont été victimes de projections de fèces. Ce mal gagne la France profonde : en 2013, à Rouxmesnil-Bouteilles, vers Dieppe deux femmes se sont alpaguées et l'une a recouvert le visage de l’autre avec les déjections d'un chien, ce qui lui a valu de comparaître devant le tribunal pour violence avec arme ! A Tokyo, les mœurs sont plus douces : une marque de cosmétique japonaise propose à ses clientes un masque réparateur à base de fiente de rossignol. Coût unitaire de ce "Geisha Facial" : près de 200 dollars !