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A l'occasion de la Toussaint, Planet.fr vous propose de découvrir le métier de croque-mort. Une profession bien souvent méconnue et entourée de nombreux fantasmes. Interview de Damien Sergent, employé des Pompes funèbres Bertrand à Paris.

© abacapressPlanet : En quoi consiste votre métier exactement ?Damien Sergent : "C’est avant tout un travail de relation technico-commercial. Les employés des pompes funèbres sont en effet là pour conseiller les familles des défunts afin qu’elles réussissent à déterminer le type de prestation qu’elles veulent. Comme n’importe quels commerciaux, nous proposons une palette de services à nos clients. Et une fois que le cercueil a été choisi ou que la crémation a été décidée, c’est à nous de tout organiser. L’organisation est d’ailleurs la deuxième partie fondamentale de notre métier. Nous sommes un peu les chefs d’orchestre des obsèques puisque nous gérons aussi bien l’aspect religieux,  que l’administratif et le technique. 90% de notre métier consiste par ailleurs à être au bureau. Personnellement, je ne me rends que très rarement aux cérémonies, uniquement quand elles ont lieu à côté de l’entreprise.

Planet : Vous arrive-t-il parfois aussi de consoler les familles ?Damien Sergent : A la base, ce n’est pas notre métier. Bien sûr, nous sommes là pour guider les familles grâce à notre expérience du deuil mais quand elles sont vraiment en détresse, nous les orientons vers des associations qui, elles, sauront les soutenir.

Planet : Qui s’occupe de préparer les corps ?Damien Sergent : Ce sont généralement les hôpitaux qui se chargent de faire la toilette et d’habiller les défunts. Mais nous pouvons également nous en occuper, tout comme la famille elle-même si elle en exprime le désir. En ce qui concerne l’embaumement, seuls les thanatopracteurs peuvent le faire. Cette technique de conservation nécessitant un diplôme spécifique. Il s’agit en effet de vider le corps de tous ses liquides (sang, urine, etc) et d’y injecter ensuite du formol pour fixer les cellules et stopper le phénomène de dégradation. Uniquement bligatoire en cas de rapatriement du corps depuis l’étranger, l’embaumement est en revanche souvent conseillé par le personnel de la chambre mortuaire quand le corps est très abîmé (suicide, accident, etc). Cela permet de le rendre ensuite plus ‘présentable’ à la famille.

Planet : Comment votre entourage réagit-il quand vous annoncez votre métier ?Damien Sergent : Ils sont souvent surpris dans un premier temps. Evidemment, cela les refroidit toujours un peu… Mais l’étonnement laisse ensuite place aux questions et les tabous s’envolent. Le métier de croque-mort intéresse beaucoup les gens. Car même s’ils sont tous les jours confrontés à la mort dans les journaux et à la télévision, peu en connaissent vraiment les coulisses.

Planet : Avez-vous déjà été confronté à des demandes farfelues de la part de vos clients ?Damien Sergent : Non, pas vraiment. Les gens sont encore très traditionnels et il est rare que nous ayons des demandes très particulières. Il y a effectivement de plus en plus de familles qui souhaitent personnaliser les cérémonies avec des textes qu’elles ont écrits ou des chansons qu’elles ont choisies. C’est notamment là que l’on peut assister à quelques fantaisies mais, dans l’ensemble, cela reste toujours très traditionnel".