Allemagne : Une application pour dénoncer les automobilistes abacapress
Un projet de lancement d'une application pour smartphone fait polémique outre-Rhin. Son projet ? Permettre aux piétons de dénoncer les automobilistes peu respectueux des lois. Bien que décriée, l'idée semble séduir, puisqu'ayant déjà rassemblé le quart de la somme nécessaire à son lancement. En France, un projet similaire avait déjà défrayé la chronique. Les détails. 

© abacapressEt si Big Brother, c’était nous ? A mesure que la technologie progresse, et que les accessoires facilitant notre quotidien se veulent de plus en plus connectés, polyvalents et sophistiqués, ceux-ci semblent de plus en plus bifurquer vers une triste réalité : l'apologie de la scrutation mutuelle. Les smartphones, notamment, galvanisés par leur incroyable rapidité de partage, semblent progressivement banaliser l’observation d’autrui, et reconsidérer la délation comme un acte normal et civique. Dernière preuve en date ? Un projet d’application en Allemagne permettant à ses utilisateurs de dénoncer les automobilistes peu respectueux des lois.

Le kit de l’apprenti chasseur de primes

L’application Strassensheriffs, dont le suffixe laisse présager le concept, consiste en une base d’échange sociale pour smartphones, où les utilisateurs pourront dénoncer les comportements incivils de leurs concitoyens, appuyant leur accusation d’une photographie prise sur le vif. Développée conjointement par Thorsten Kühn du conseil municipal de Berlin et Heinrich Strössenreuther, consultant dans les transports, le projet permettra, s’il voyait le jour, aux usagers de la voie publique, notamment les piétons, de signaler les comportements inappropriés ou abusifs des automobilistes.

Par les délateurs, pour les délateurs ?

Le projet suscite déjà de nombreuses réactions outre-Rhin. Ainsi, l’élu de gauche Andreas Prüfer, a-t-il qualifié le projet de "répugnant". Ce point de vue ne semble pas faire l’unanimité, puisque 8000 euros, soit le quart de la somme nécessaire au lancement de l’application, ont déjà été récoltés via la plateforme de financement participatif Starnext.

L’Allemagne n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai en matière de délation. Ainsi, l’opérateur de transports ferroviaires de Berlin, la S-Bahn et la U-Bahn, a-t-elle mis à la disposition des usagers, sur son site internet, un service de délation visant à combattre le vandalisme. Loin de se baser sur le bénévolat et le zèle de ses utilisateurs, une close de l’application indique même qu’une délation concluante pourrait se voir gratifiée d’une prime pouvant atteindre 600 euros. 600 euros, le prix de la paranoïa ambiante ?

Et en France ?

Cette politique de la délation a déjà tenté quelques percées en France, malgré une réticence ambiante. Bien que les Français soient d’une nature peu encline à dénoncer leurs concitoyens, certains développeurs se sont déjà essayés à la lancée de projets incitant à la délation. En octobre 2012, notamment, une application pour smartphone du nom d’Observer la loi permet à ses utilisateurs de signaler, via leur localisation GPS, un délit se déroulant devant eux. Le projet propose toute une variété de délits, allant de la catégorie "Fumeurs" à la catégorie "Voile intégral". Se voulant "journalistique" selon son créateur, Jean Robin, l’application ne semble avoir d’autre effet que d’amplifier la paranoïa ambiante, et de transformer la voie publique en un grand terrain de chasse où les erreurs d’autrui deviennent autant de trophées, à exhiber au côté de l’urne recueillant les cendres d’une solidarité défunte.

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