"Monsieur le Premier ministre, cher camarade..." : la lettre ouverte de Mélenchon à Jean-Marc Ayrault
Sitôt nommé à Matignon sitôt interpellé. Dans une lettre ouverte à Jean-Marc Ayrault, Jean-Luc Mélenchon demande au nouveau chef du gouvernement de stopper "l'hémorragie industrielle".

© maxppp"L'élection de François Hollande et votre nomination ouvrent une possibilité pour qu’enfin les exigences de notre peuple soient entendues" explique d'abord le leader du Front de gauche. Dans sa lettre ouverte au nouveau Premier ministre, publié par Libération, Jean-Luc Mélenchon interpelle Jean-Marc Ayrault sur  "la situation intolérable d’une vingtaine d’entreprises emblématiques et de leurs salariés."

Direct, le leader du Front de gauche résume qu'il est "possible dès à présent de stopper l’hémorragie industrielle" grâce à :

"- L’interdiction des licenciements boursiers et suppressions d’emplois dans les entreprises bénéficiaires. Cette mesure de bon sens économique vise à empêcher des saccages comme ceux de Continental ou Samsonite. Elle empêcherait les actionnaires de préparer de nouvelles suppressions d’emplois dans des groupes bénéficiaires, de l’automobile (PSA, Renault etc), à la chimie (Sanofi-Aventis) en passant par les banques.

- La création d’un droit de véto des élus du personnel en cas de fermeture ou délocalisation et l’obligation d’examiner les propositions des salariés. Ces droits nouveaux des travailleurs permettraient par exemple aux salariés de l’automobile de Sevelnord ou de PSA Aulnay de faire entendre leur point de vue à des actionnaires jusqu’ici tout puissants.

- Un droit de préemption de l’activité par les salariés réunis en coopérative, avec un soutien juridique et financier public, comme le réclame depuis plus de 600 jours les salariés de l’usine Univelever-Fralib. Un tel droit aurait aussi permis d’envisager sous une perspective autrement plus positive la reprise de l’activité de SeaFrance.

- L’adoption de sanctions pour punir les atteintes "aux éléments essentiels du potentiel économique de la Nation" prévues à l’article 410-1 du code pénal. Parmi ces sanctions devrait figurer la réquisition des sites industriels d’intérêt général en danger. C’est le cas d’ArcelorMittal à Florange, où l’arrêt des hauts fourneaux menace la souveraineté industrielle de la France en matière d’acier. Un tel droit de réquisition empêcherait également le dépeçage d’Arkéma, leader français du PVC. Il permettrait également de dissuader des entreprises comme Alstom de se séparer d’activités hautement qualifiées comme la fabrication des ailettes de turbines.

- L’instauration de visas sociaux et écologiques aux frontières pour empêcher le dumping social ou environnemental. Ces protections passent aussi par des mesures d’harmonisation sociale par le haut dans les entreprises de transports, en particulier maritime où des milliers d’emplois sont menacés comme à la SNCM et à la CMN.

- La mise en place de "plans écologiques de filières industrielles" pour mettre en relation les entreprises entre elles autour d’un projet ambitieux comme, par exemple, entre la papeterie M’Réal dans l’Eure et la raffinerie Petroplus en Seine-Maritime.

- La protection des sous-traitants par la responsabilisation des entreprises donneurs d’ordre, permettrait de pérenniser de nombreuses productions de haut niveau comme celle de PreventGlass, des Fonderies du Poitou ou encore de Faurécia. "

Enfin, Jean-Luc Mélenchon demande au Premier ministre d’intervenir pour "faire cesser les poursuites engagées contre de nombreux syndicalistes..."