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Implication dans l'éducation, rencontre avec les ministres, volonté d'être à côté de son mari et non derrière… Brigitte Macron entend bien incarner au maximum son rôle de Première dame, voire un peu trop ?
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Brigitte Macron rend visite à la tapisserie de Bayeux, Brigitte Macron au chevet d’agricultrices, Brigitte Macron qui bouscule l’ordre protocolaire… La Première dame est très présente, au risque de saturer ? Pour l’instant, juge Philippe Moreau-Chevrolet, spécialiste de la communication politique, la jauge limite n’est pas encore atteinte mais la Première dame doit rester vigilante surtout dans le modèle dont elle s’inspire, un modèle à l’américaine. "Elle a une communication quasiment calquée : mélange de pièces très chères et de pièces pas chères, cette volonté de s’investir dans l’éducation, comme Michelle Obama. Parce que c’est à l’américaine, ça nous paraît un peu too much", explique-t-il à Planet

Si Brigitte Macron paraît ultra présente, c’est aussi parce qu’elle est la première Première dame depuis très longtemps. Pour le spécialiste, elle est même la première depuis Carla Bruni, qui était d’ailleurs à l’époque plutôt la "première fan de son mari" : "Brigitte Macron doit donc en quelque sorte reconstruire le rôle de première dame, pour pouvoir continuer à être utile". Cet écart de 10 ans entre l’ancienne mannequin et la prof de français change aussi la donne pour les Français, comme le souligne Philippe Moreau Chevrolet. Résultat, Brigitte Macron est suspecte : "C’est le complexe de Lady Macbeth. Dès qu’il y a une femme un peu forte dans l’entourage d’un homme d’Etat, on la soupçonne de vouloir l’influencer, de faire la politique à sa place. C’est quelque chose de récurrent et c’est ce qui explique que le rôle de la Première dame est extrêmement fragile."

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Protéger Brigitte Macron d’elle-même

Bien conscient du risque qu’il a pris en fonctionnant en binôme avec son épouse, Emmanuel Macron a voulu une charte de la Première dame, mise en place à l’automne dernier. "La charte répond surtout à la demande du public, pour qu’elle soit moins attaquable aux yeux du public […] L’idée c’était d’éviter que les polémique se déclenchent sur elle, sur son nom. Et la protéger autant que possible pour éviter qu’il se passe la même chose qu’avec Valérie Trierweiler."

D’ailleurs Emmanuel Macron ne peut pas avancer sans son épouse, elle représente aujourd’hui und partie importante de son image et de sa notoriété, notamment à l’étranger. C’est une stratégie pour laquelle elle a été partie prenante. "Elle est la spin doctor, c’est elle qui a pensé la stratégie de communication du président pendant la campagne. C’est sa première communicante, elle était à la manœuvre pour le rendre humain et sympathique. […] Avec un tel investissement, on ne voit pas comment elle ne pourrait pas être présente aujourd’hui", ajoute Philippe Moreau Chevrolet. Ce qui ne serait pas sans déclencher quelques crispations d'ailleurs...

Si certains Français s’agacent que la Première dame soit autant impliquée, même si cela reste dans le périmètre de la charte, en coulisses, à Paris, il se murmure que ses relations seraient parfois tendues avec l’équipe qui s’occupe de la communication de l’Elysée.

Des seuils d'alerte

Si un jour Brigitte Macron en faisait vraiment trop, c’est directement de la source que partiraient les premières alertes selon Philippe Moreau Chevrolet. "Plus le temps va passer, plus la pression va devenir forte sur les ministres parce que la popularité va s’éroder et c’est déjà le cas. L’opposition va se réveiller. Ce qu’il se passe alors en général, c’est un repli sur soi des équipes. On voit mal comment elle ne pourrait pas faire les frais de ça. S’il y a des attaques dans la presse, on dira qu’il y a une situation de crise au château. En général, les gens de l’Elysée règlent leurs comptes par article de presse. Tant que Brigitte Macron n’est pas attaquée par l’entourage ça tient", dit-il tout en soulignant le manque de mesure de popularité de la Première dame : "Tant qu’on n’a pas de sondage ou d’enquête d’opinion pour voir si elle est populaire, on a du mal à évaluer sa vraie marge de manœuvre. C'est encore un peu tôt".

Bien décidée à laisse sa trace à l’Elysée comme le démontre ses récentes initiatives – potager, intervention sur l’agenda de son mari, arrangement des appartements- Brigitte Macron va rapidement devoir se confronter à un défi de taille : ne plus simplement être l’épouse du candiat devenu président mais devenir un personnage à part entière du "folklore français". En s’investissant dans des causes qui lui sont chères, c’est exactement ce qu’elle fait, s’assurant un parcours à la Bernadette Chirac, qui a réussi au fil des ans à se créer une vraie image éloignée de celle de son mari. Mais attention à ne pas se louper : "C’est un passage très glissant, ça peut rendre quelqu’un de vraiment impopulaire."