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Alors que ce lundi 13 novembre, la France commémore les deux ans des attentats qui ont frappé la France en 2015, Michèle Alliot-Marie a accepté de répondre aux questions de Planet. L'ancienne ministre estime que la question terroriste est loin d'être réglée, en cause notamment : l'adaptation rapide des nébuleuses terroristes.
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Planet : Après l’attentat qui a eu lieu récemment à New York et l’affaiblissement de Daech, nombreux sont ceux qui prédisent que c’est ce genre de mode opératoire (isolé, voiture bélier) qui devrait prévaloir dans les prochaines années, c’est une analyse à laquelle vous souscrivez ?

Michèle Alliot-Marie : J’y souscris. C’est une analyse que je répète depuis plus de dix ans. Nous sommes en train de défaire Daech sur le plan militaire, sur un territoire, mais cela n’empêchera pas la nébuleuse terroriste de continuer à agir. Ils s’adaptent très vite. Que ce soit Al-Qaida, Aqmi, etc. Ils ont très vite compris l’intérêt d’internet mais aussi celui d’endoctriner des individus isolés. Dans 15 ou 20 ans nous continuerons à lutter contre le terrorisme.

Planet : Pensez-vous que la nouvelle loi anti-terroriste, qui entérine certaines prérogatives de l'état d'urgence dans le droit commun, soit une bonne solution ?

Michèle Alliot-Marie : Le problème du terrorisme est un problème global. Il doit se poser sur notre territoire avec le renforcement des forces de sécurité, mais il nécessite une approche plus englobante, mondiale. Les causes du terrorisme sont multiples avec par exemple les conflits non réglés comme le conflit israélo-palestinien qui sert de pretexte. En outre, de nombreux pays se sont déjà penchés sur le problème de la déradicalisation, alors qu’en Europe, on s'y intéresse depuis beaucoup moins longtemps. Cette nouvelle loi va certes permettre des actions telles la fouille des voitures ou les assignations, mais le terrorisme ce n’est pas simplement une affaire d’urgence.

"La France a su reprendre une place prépondérante dans les enjeux internationaux"

Planet : En amont de votre récent déplacement dans les pays du Golfe, vous avez rencontré les conseillers diplomatiques d’Emmanuel Macron. Que pensez-vous de l’action du président de la République en matière de politique étrangère et de sa relation avec les armées ?

Michèle Alliot-Marie : Je pense que la crise avec le général De Villiers a été mal gérée et j’ai eu l’occasion de le dire. Si on voulait garder une pleine confidentialité sur ce dossier-là, il n’aurait pas fallu autoriser le chef d’état-major des armées à s’exprimer devant la commission parlementaire même à huis clos. Tout est parti de la volonté des finances de faire payer aux armées les opérations extérieures non prévues dans leur budget. C’est une habitude que j’avais combattue lorsque j’étais ministre grâce à l’arbitrage de Jacques Chirac.

Planet : D’une manière générale que pensez-vous de la politique étrangère menée par Emmanuel Macron.

Michèle Alliot-Marie : Il y a plusieurs façons de faire de la diplomatie. Pour l’instant, la politique étrangère est beaucoup dans le discours, mais globalement je crois que la France a su reprendre une place prépondérante dans les enjeux internationaux.

Planet : Vous étiez présente dans le Golfe récemment en tant que présidente de la délégation européenne des relations avec la péninsule arabique du parlement européen. Vous avez rencontré les membres du Gulf Cooperation Council, afin notamment de mieux lutter contre le terrorisme. 

Michèle Alliot-Marie : Ce sont des pays qui connaissent très bien le problème du terrorisme et les ressorts des gens de Daech. Ils ont notamment une meilleure connaissance psychologique des terroristes. Il peut et doit y avoir un échange.

Planet : Vous avez été la première femme ministre de la Défense, une situation qui n’a pas dû toujours être évidente. Aujourd’hui force est de constater que la politique se montre plus paritaire. Est- ce que c’est quelque chose dont vous vous félicitez ?

Michèle Alliot-Marie : J’ai été la première femme dans beaucoup de choses (rires). La première femme à la tête du RPR , la première femme ministre de la Défense, la première femme ministre de l’Intérieur et la première femme aux affaires étrangères. Il faut, au début surtout, ne pas faire d’erreur. Que vous soyez un homme ou une femme, c’est ça qui compte. Evidemment je me félicite de voir plus de femmes en politique. Je serai toujours contre le fait de nommer un homme plutôt qu’une femme à un poste, s’il est moins compétent. Mais je suis contre le fait de nommer une femme qui a moins de compétences qu’un homme simplement parce qu’elle est une femme.

"Tout ce système [l'UMP] a été un échec"

Planet : Dans la course à la présidence de Les Républicains, pourquoi soutenez-vous Laurent Wauquiez ?

Michèle Alliot-Marie : Parce que je pense qu’il est le seul à avoir l’expérience, l’énergie et la carrure pour faire entendre la voix de la droite.

Planet : Ne craignez-vous pas que sa possible élection entraine un éclatement de la droite, comme d’autres ?

Michèle Alliot-Marie : La création de l’UMP voulant gommer les sensibilités Gaullistes, libérales, radicales ou centristes à fait fuir les électeurs qui ne se retrouvaient pas dans des discours aseptisés. Tout ce système a été un échec. Les querelles de personnes amplifiées par l’ânerie des primaires ont mené à la défaite. J’ai refusé d’y participer car je les jugeais contraires à l’esprit du gaullisme.

Planet : Une alliance avec le Front national peut être envisagée ?

Michèle Alliot-Marie : Non ! On ne s’allie pas avec celui qui veut votre disparition et la fin de vos valeurs.

Planet : Vous étiez à l’origine des unités territoriales de quartier qui ont par la suite été supprimées par Brice Hortefeux. Aujourd’hui, elles sont réinstallées sous un autre nom mais avec le même esprit. Leur suppression était une erreur selon-vous ?

Michèle Alliot-Marie : Oui c’était une erreur ! Elles avaient eu des résultats très positifs donc je me félicite de leur retour.