© CC/Wikimedia Commons
Dans son livre sur les "Morts mystérieuses de l'Histoire", le docteur Augustin Cabanès s'est penché sur les trépas étranges de certaines personnalités royales. Voici un florilège des plus étonnants.
Sommaire

Napoléon Ier, empereur de France

L’empereur Napoléon Ier est mort en plein exil, emprisonné par les Anglais sur l'île de Sainte-Hélène. À l'annonce de son décès, les Français ont immédiatement cru à une fin violente. Empoisonnement, fusillade, saut imposé dans un précipice, suicide... Toutes les hypothèses ont été abordées.

En réalité, Napoléon Bonaparte a été victime d'une longue maladie. Le premier symptôme a été un "œdème au membre inférieur" survenu en 1817, suivi de douleur et de "pesanteur" au niveau de l'abdomen. Cela a fait pencher les médecins pour une affection du foie, une hépatite précisément. L'empereur rechignait à prendre ses remèdes, arguant qu'il fallait laisser "la vie se défendre".

En 1820, il se plaignait de ressentir comme "un coup de canif" sous le sein. C’était le signe, selon l’auteur, d’une "lésion de l'estomac", un cancer dans ce cas. L'empereur amaigri, livide, crachant un sang noir et puant, était condamné : il est mort le 5 mai 1821.

Marie-Thérèse d’Autriche, reine de France

Au retour d’un voyage en Bourgogne et en Alsace passé en compagnie de son mari Louis XIV, le 20 juillet 1683, la reine Marie-Thérèse d’Autriche fut prise de malaises. Elle présentait pourtant un teint éclatant et avait même pris un peu de poids pendant son séjour en province.

Les médecins l’ont épuisée à force de saignées, une "opération" très populaire à l’époque qui consistait à inciser le patient, permettant soi-disant à la maladie de s’écouler avec le sang. En quatre à cinq jours, âgée d’à peine 45 ans, Marie-Thérèse d’Autriche était morte.

Les chirurgiens ont découvert trop tard l’affection qui l’a tuée : une tumeur née sous son aisselle avait dévoré en partie sa cage thoracique.

Philippe IV, dit Philippe "Le Bel", roi de France

Homme de fière allure et d’une santé exemplaire, Philippe IV possédait un tel physique qu’on l’a surnommé "le Beau" (Bel en ancien Français). Il est pourtant mort en novembre 1314, à 46 ans. Ses seuls symptômes étaient une "douleur gastrique aiguë", des "vomissements" et des "diarrhées". Il fut malade un mois et cloué au lit trois jours seulement avant de rendre l’âme.

Des sources peu fiables ont prétendu qu’il avait succombé suite à un accident de chasse. D’autres ont affirmé, tout aussi éloignées de la vérité, qu’il était mort de chagrin après le trépas de son frère, causé par son neveu.

Alors de quoi est mort Philippe Le Bel, lorsque même l’hypothèse d’un empoisonnement a été réfutée ? Comme le conclut le docteur Cabanès : "Le problème reste à l’étude".

Henri IV, roi de France

Constamment entouré de médecins, Henri IV souffrait de calculs urinaires, de goutte et d'une blessure de guerre datant de 1592, au point de se trouver parfois très diminué. Pourtant, aucune de ces trois affections ne lui coûta la vie, car il fut assassiné le 14 mai 1610.

Le docteur Cabanès relaie dans son ouvrage le récit que l'historien Edmond Beaurepaire a produit sur cette journée. Il indique que la veille, un trentenaire du nom de Ravaillac s'était introduit dans une auberge pour y dérober au hasard un couteau abandonné sur une table. Le lendemain, le tueur a profité d'un embouteillage qui paralysait le carosse du roi, et s'est jeté sur lui lorsqu'il avait le dos tourné.

Son premier coup a ricoché sur une côte. Le deuxième a traversé le poumon gauchede sa victime et sectionné une artère, arrachant des flots de sang au monarque, puis la vie. Aussitôt ont fleuri une myriade de théories du complot, toutes réfutées. Ravaillac, en effet, était un "fanatique" persuadé du bien-fondé de son acte : il a agi seul.

Anne d’Autriche, reine de France

Tout le monde (ou plutôt, tout historien) sait qu’Anne d’Autriche a succombé d'un cancer du sein. La légende voulait qu’elle ait souffert d’un empoisonnement au mercure, une hypothèse très vite écartée quand on connaît la nature de sa longue agonie.

Souffrant de fatigue intense et de nausées chroniques dès avril 1663, la reine a sentil’année suivante une grosseur au niveau de sa poitrine. Face à l’inefficacité des médecins, elle s'est tournée vers des remèdes plus ésotériques : prêtres, moines, "spécialistes"… Des charlatans en tout genre ont défilé à son chevet, sans succès.

En 1665, l’état de la reine a continué de se dégrader. Sa peau était fortement irritée au bras, à l’épaule et aux seins, et les plaies se sont gangrenées. Bringuebalée jusqu’au palais royal pour y finir ses jours, elle est morte dans d’atroces souffrances le 20 janvier 1666.

Charles VII, dit "Charles le Victorieux", roi de France

Charles VII était nerveux, phobique et sujet à l’addiction sexuelle. Il a été traumatisé par sa mère "dégénérée" et par le trépas de ses trois frères, emportés par la tuberculose.

Selon le docteur Cabanès, sa "vie licencieuse" a précipité la dégradation de sa santé. Souvent malade, il soupçonnait ses médecins de vouloir l’empoisonner. Cette hantise a coûté la vie à certains d’entre eux, soupçonnés de traîtrise, et l'a convaincu d'arrêter de manger.

Le 9 juillet 1461, un abcès s’est déclaré dans la bouche du monarque. Les médecins, focalisés sur cette affection, n’ont pas compris ce qui avait entraîné sa mort, le 22 juillet. Au vu de ses antécédents familiaux, de sa fatigue et de sa dénutrition, le docteur Cabanès pense avoir diagnostiqué une cachexie, effet fatal d’une forme de tuberculose.

Louis XIV, autoproclamé "le Roi-Soleil", roi de France

Le récit de la mort du plus célèbre des rois français a donné lieu à d’innombrables versions. Le docteur Cabanès a sélectionné la plus réaliste à ses yeux, qui est aussi "l’une des plus ignorées". Son auteur, un certain M. Marmontel, situe les premiers signes de faiblesse du roi en juin 1715.

À la mi-août, Louis XIV s’est retrouvé alité. Ses médecins ont incisé sa jambe, qui le faisait souffrir, et découvert qu’une gangrène sénile (le roi avait 77 ans) s’était propagée "jusqu’à l’os". C’est alors qu’un "Provençal" a fait irruption au château, un inconnu du nom de Brun qui assurait posséder un élixir miraculeux contre la gangrène.

Le roi a consommé de ce "remède" tous les jours, et son état semblait se maintenir. Pourtant, pendant ce temps, la gangrène s’étendait à son pied et jusqu'à sa gorge. Affaibli, sujet à de violentes convulsions, l’esprit errant, Louis XIV a passé presque tout son temps à dormir dans ses dernières heures. Il a rendu l’âme le 1er septembre, la jambe "aussi pourrie que s'il y avait eu six mois qu'il fût mort".

Henri II, roi de France

Entourée d'ésotérisme, la mort d'Henri II aurait été prophétisée par de nombreuses personnes, dont Nostradamus. En juin 1559, le roi a pris part à un tournoi organisé pour le mariage de sa fille, Élisabeth de France, avec le roi d’Espagne Philippe II. Dans cette épreuve, les combattants s’affrontaient à cheval, une lance de bois à la main, et devaient faire tomber leur adversaire.

Une fois le tournoi fini, le monarque a exigé une dernière joute, ce qu'on lui a accordée. Tout à sa ferveur, il n’a pas pris la peine de baisser la visière de son heaume en s'élançant contre son adversaire. En ricochant contre son armure, la lance de ce dernier s’est brisée et a atteint l'œil du souverain.

Muet, inconscient, Henri II est mort quelques jours plus tard. Peut-être pour éviter de trop divulguer la nouvelle au peuple, les médecins ont peu ergoté sur cette fin tragique. Le docteur Cabanès, pour sa part, a déduit qu’une méningite était née de l’accident. Elle a créé un épanchement purulent, fatal, à l’intérieur du cerveau du roi.

Marie de Médicis, reine de France

Soi-disant "morte de misère" selon les historiens, Marie de Médicis a surtout fini ses jours dans d’atroces souffrances. Dès 1633, la reine présentait "hémorroïdes", "migraines", "foie dur et douloureux", "rate hypertrophiée", "chevilles enflées" et "fièvre". Ces symptômes, attribués à la mauvaise atmosphère de la ville où elle se trouvait, ont disparu à son départ de l'endroit.

Le mal est pourtant revenu en 1641. La souveraine en a été si durement frappée qu’en mai 1642, son médecin Riolan voyait en elle "un squelette qui a toujours courte haleine". Le mois suivant, elle a souffert d’intenses fièvres et d’étouffements réguliers. Une gangrène a recouvert sa jambe, puis son dos. Là où sa peau n’était pas jaunâtre et irritée, elle partait en lambeaux.

La reine a commencé à vomir "une matière noire comme de l'encre" et se plaignait d’un "feu dans l'estomac". Elle est morte le 3 juillet, à 69 ans. Son cœur hypertrophié a laissé penser à une maladie cardiaque, ses entrailles décomposées à la tuberculose… Les lésions de son estomac et le sang noir qu’elle vomissait faisaient plutôt songer à une péritonite, cette inflammation grave, ici fatale, de l'enveloppe des viscères.

Charles IX, roi de France

En treize ans de règne, commencé à sa dizième année, Charles IX aura marqué la France de sa cruauté et de sa folie. C'est lui qui a "présidé" au massacre de la Saint-Barthélémy, le 24 août 1572, pendant lequel des milliers de chrétiens protestants ont été brutalement tués.

Avant cet événement, le jeune roi était déjà perturbé. Il s'exerçait "à tous les sports", "à tous les métiers" et ne désirait rien tant que s'épuiser par l'exercice physique. Il conservait un goût pour les arts, mais aussi pour la sexualité et le sadisme, des "disciplines" qu'il n'hésitait pas à mêler. Après le massacre de 1572, il a commencé à souffrir de fièvres et d'hallucinations. Malgré les prescriptions de ses médecins, il aurait continué de s'épuiser, notamment en coucheries avec son épouse... ou sa sœur.

À sa mort, âgé de 23 ans, Charles IX se trouvait "dans un état de folie complète". Le visage agité de "mouvements convulsifs", il se tenait "voûté" et avait le "cou de travers". Son épuisement l'a achevé. Il a succombé à l'association d'une bronchite chronique, d'une inflammation de la plèvre (membrane qui enveloppe les poumons) et d'une pneumonie. Des vomissements se résultant par un déversement de pus dans la trachée du monarque ont aussi pu causer sa mort par asphyxie.

"Morts mystérieuses de l'Histoire", du docteur Augustin Cabanès, a été publié le 29 septembre dans sa nouvelle version, aux éditions de L'Opportun.