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La tension entre les deux challengers pour la primaire UMP est montée d'un cran ce week-end. Explications.

En façade, on prône l’unité. En coulisse, c’est une véritable guerre qui se joue. Car malgré les sourires affichés, les tensions entre Alain Juppé et Nicolas Sarkozy ne se sont pas estompées avec l’élection de ce dernier à la présidence de l’UMP. Loin s’en faut. En effet, au-delà de leurs ambitions respectives (et contradictoires), ce sont bien deux visions de l’UMP qui s’opposent. Ce week-end, la lutte qui fait rage entre l’ex-chef de l’Etat et son ancien ministre des affaires étrangères est d’ailleurs montée d’un cran à l’occasion du congrès national du parti.

Alain Juppé sifflé

À son arrivée à la Mutualité pour le congrès national de l’UMP ce samedi 7 février, cela n’a pas manqué : Alain Juppé a une nouvelle fois subi les huées de la foule. En cause, le caractère stratégique selon lui d’une alliance avec toutes les formations centristes. À la tribune, Alain Juppé a en effet plaidé pour "le rassemblement de la droite et du centre, l’union de l’UMP, de l’UDI et aussi du Modem". Une référence au parti de François Bayrou qui a suscité de vives réactions dans la salle. Un air de division dans l’opposition qui fait dire à Libération que le maire de Bordeaux a "gâché" la démonstration d’unité souhaitée par Nicolas Sarkozy. Et pour cause, Libé explique que consigne avait été donnée de ne pas siffler Alain Juppé, en vain.

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Mais outre cette orientation prônée par l’ex-premier ministre, c’est aussi pour sa récente prise de position en faveur du candidat PS dans le Doubs qu’il a essuyé des sifflets. De surcroît, Alain Juppé n’a pas hésité à y ajouter le sel de la provocation en ironisant sur les huées de la salle en raillant les "réflexes pavloviens" de l’assistance. Ambiance.  

"Ne pas céder à la tentation de tous les micros"

Montant sur l’estrade après le maire de Bordeaux, le président de l’UMP ne s’est pas fait prier pour le rappeler à l’ordre. Premièrement il a voulu rappeler un principe de discipline : "quand on vote, on fixe une ligne et elle devient la ligne de tous" a-t-il lancé. "Ici tout le monde respecte tes convictions, Alain. Ça demande un effort réciproque et qu'on ne cède pas à la tentation de tous les micros" a ajouté Nicolas Sarkozy en faisant référence à la position d’Alain Juppé concernant la législative partielle dans le Doubs.

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Puis, l’ex-chef de l’Etat a tenté lui faire endosser le rôle du diviseur à en opposant leurs "concurrences" au "respect" de chacun. Mais en coulisse, Nicolas Sarkozy se montre plus offensif à l’égard de son rival pour 2017. Cité par Le Monde de ce lundi 9 janvier, l’ancien locataire de l’Elysée aurait déclaré : "Moi, je suis le héros à droite. Lui, c’est le héros à gauche. Cela ne sert à rien !". L’inclinaison centriste d’Alain Juppé serait donc inutile ? Pas si sûr. Comme l’a fait remarquer Jean-Pierre Raffarin, l’UMP ne gagnera pas en 2017 si elle "n’accueille pas ceux qui sont déçus de Hollande, ceux qui ont voté Hollande et le regrettent".

Le dilemme entre droitisation et tentation centriste n’a donc pas fini de diviser l’UMP. Et ce, à la faveur d'une lutte féroce entre ses deux principaux leaders.  

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