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La commune de Talmont-sur-Gironde, en Charente-Maritime, est située sur une presqu'île dans l'estuaire de la Gironde. Mais le village est menacé par l'érosion de la falaise de calcaire qui le supporte.

Le maire de Talmont-sur-Gironde (Charente-Maritime) tire la sonnette d’alarme. Son village, niché sur une falaise de calcaire située sur une presqu’île de l’estuaire de la Gironde, est aujourd’hui gravement menacé par l’érosion de ce rempart naturel.

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L’emplacement du village, où vit une centaine d’habitants, fait pourtant la fierté de ce joyau architectural, considéré comme l’un des plus beaux villages de France. Située à une vingtaine de kilomètres au sud de Royan, la ville est une ancienne bastide construite en 1284 par le roi d’Angleterre et duc d’Aquitaine Edouard Ier. Elle servit autrefois de place-forte, dont ne subsistent aujourd’hui que des vestiges de remparts. Le village, où trône une magnifique église romane du XIIe siècle, est visité chaque année par 500 000 touristes et a reçu plusieurs labels, comme autant de gages de sa beauté.

En 1999, la presqu'île est devenue une île

Mais voilà, ce bijou de la Gironde pourrait un jour se retrouver dans l'eau. "Notre trait de côte est menacé par l'érosion de la falaise, et cela à cause des forts coefficients ou d'une mer un peu plus haute, et par les changements climatiques", nous explique le maire (SE) du village, Stéphane Loth, qui incrimine aussi l'infiltration des eaux dans la roche calcaire. Et la situation ne date pas d'aujourd'hui. En 1999, après le passage de la grande tempête, la commune avait dû réaliser des travaux à hauteur d'un million d'euros pour consolider la falaise. En vain, les blocs de béton censés la protéger ont cédé au bout de cinq ans. A cette période, la presqu'île était même devenue une île à cause de la montée des eaux.

Dans l'état où est la falaise actuellement, le maire estime qu'il faudrait entre 1,2 et 2 millions d'euros pour financer les travaux de consolidement de la falaise. "L'objectif est de freiner les vagues qui arrivent, car l'érosion, malheureusement on ne peut pas l'arrêter, explique Stéphane Loth. Pour cela, nous voudrions mettre aux pieds des remparts des blocs de calcaire, sur 6 m de haut et 100 m de long". Après sa médiatisation, notamment son passage en février sur France 2, l'édile dit avoir reçu pas mal d'aides et de sollicitations, notamment d'une entreprise qui lui a fait part d'un projet de grillage posé à même la falaise. "Avec les blocs en contre-bas, ça pourrait faire une double protection", avance le maire.

"Dans 20 ans, le village sera toujours là, mais dans 30 ans ?"

Mais le problème n'est pas tant la réalisation du projet que son financement. Avec ses 40 000 euros de dotations de la part de l'Etat, la commune est loin du compte. Toutefois, son appel à l'aide dans les médias a commencé à porter ses fruits. "Les services de l'Etat ont réagi après mon coup de gueule. Ainsi, le département peut nous aider à hauteur de 20 %, et l'intercommunalité aussi dans les mêmes proportions. Pour le reste, je vais continuer à chercher des subventions", indique Stéphane Loth, qui a fait appel à la Fondation du patrimoine afin de récolter des dons (si vous voulez faire un don, il faut libeller un chèque à cet ordre : Fondation du patrimoine – les remparts de Talmont-sur-Gironde et l’envoyer à la mairie).

Mais devant la lenteur des procédures, l'imminence de la catastrophe et la préoccupation des habitants, Stéphane Loth ne peut cacher sa colère. "Dans 20 ans, le village sera toujours là, mais dans 30 ans ?", interroge-t-il. Le maire, élu en 2014, voit rouge : "Si à la fin de mon mandat (en 2020, ndlr), rien n'a été fait, je peux vous dire que les pouvoirs publics vont entendre parler du pays !"

Pour ce qui est de l'église, située au bord du précipice, le maire se veut rassurant. Chaque année, 20 000 à 30 000 euros sont destinés à colmater les joints du rempart qui protège l'église Sainte-Radegonde. "Le rempart n'a pas bougé", rassure-t-il, tout en estimant cependant que dans les années à venir, "le village aura encore des années difficiles."

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