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Agée de 81 ans, Bernadette Chirac semble aujourd'hui complètement libérée de l'emprise de son mari qu'elle qualifie de "macho". Auteure de "La reine mère", Pascale Tournier nous en dit plus sur ce qui s'apparente à une revanche.

Planet : Bernadette Chirac a récemment annoncé qu’elle était candidate aux élections cantonales de 2015. Cela vous étonne-t-il ?Pascale Tournier : "Non, pas du tout. Bernadette Chirac est une femme battante, très énergique qui n’a pas du tout envie de raccrocher. Elle aime "son royaume de Corrèze". C'est une femme de terrain. Elle se bat aussi aujourd’hui pour montrer qu’elle existe dans l’arène politique et que sa présence y est légitime. Elle nourrit par ailleurs le besoin de repousser le spectre de la vieillesse, de la mort, en restant active.Planet : L’époque où elle était uniquement 'la femme de', dans l’ombre de son mari, est-elle définitivement révolue ?Pascale Tournier : Oui et même depuis un petit moment. A partir de 2007 il y a eu une véritable inversion des rôles entre elle et Jacques Chirac. Mais si lui a essayé de revenir par le biais de sa fondation, sa maladie l’a rattrapé et c’est finalement Bernadette qui s’est imposée sur le devant de la scène. D’ailleurs, elle n’hésite plus aujourd’hui à donner son avis sur la politique, ainsi qu’elle l’a récemment fait en taclant Alain Juppé et en affichant son soutien à Nicolas Sarkozy pour la présidentielle de 2017. C’est une manière de montrer que même si Jacques Chirac est en retrait et que leurs destins sont indissociables, elle continue de compter.Planet : Vous évoquez dans votre livre* paru en 2010 le besoin de vengeance de Bernadette Chirac sur sa vie d’avant. Est-il toujours d’actualité ?Pascale Tournier : Cette femme a beaucoup souffert de devoir rester dans l’ombre de son mari et d’être trompée par celui-ci. L’attitude de sa fille, Claude, qui a toujours été très proche de son père et a essayé de l’écarter, l’a également beaucoup touchée. C’est d’ailleurs toujours compliqué entre elles deux, elles bataillent toujours. Mais je pense que son sentiment de revanche est beaucoup moins appuyé aujourd’hui qu’il ne l’a été auparavant, avant la fin du mandat présidentiel de son mari. Elle a selon moi dépassé ce stade. Et même si elle a toujours cette revanche  à l’esprit, elle se concentre davantage sur elle-même. Bernadette Chirac aime que l’on parle d’elle. Surtout qu’à présent, c’est elle qui a le dessus sur Jacques Chirac.

A lire aussi -Claude Chirac soutient à son tour Alain JuppéPlanet : Quel rapport entretient-elle avec le pouvoir ?Pascale Tournier : Elle aime le pouvoir ! Si elle a accepté de courber l’échine et de rester toujours derrière son mari c’est parce qu’en contrepartie, elle pouvait ensuite profiter des attributs liés aux mandats de Jacques Chirac. Je pense notamment aux Palais de la République. Il ne faut pas oublier que c’est une aristocrate habituée à une certaine vie, à certains apparats. Aussi, elle a comme conclu une sorte de contrat avec Jacques Chirac : elle le suivait dans ses ambitions en échange de pouvoir mener le train de vie qu’elle aimait.Planet : Comment Jacques Chirac, que Bernadette qualifie de 'macho', voit-il cette 'émancipation' ?Pascale Tournier : Il n’apprécie sans doute par vraiment. Il ne faut pas oublier qu'ils ont toujours été comme chien et chat entre eux Et même si Bernadette éprouve le besoin de sortir et de vivre sa vie, elle reste toujours très présente et très protectrice envers son mari. Souvenez-vous quand, en 2012, Jacques Chirac a provoqué un tollé en soutenant François Hollande. Bernadette a ensuite tenté de calmer le jeu. Elle agit pour lui comme un véritable garde-fou".

*Pascale Tournier est l’auteure de La reine mère (éd. Du Moment)

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