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Manuel Valls a été nommé lundi soir chef du gouvernement. Trop pressé, l'ancien ministre de l'Intérieur a-t-il grillé ses chances de devenir un jour président de la République en acceptant ce poste ?

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Seuls deux Premiers ministres ont ensuite réussi à devenir président sous la Ve République. Partant de ce constant, on est en droit de se demander si Manuel Valls ne s’est pas tiré une balle dans le pied lundi. L’ancien ministre de l’Intérieur n’a jamais réellement caché ses ambitions politiques à long terme : il veut devenir président de la République un jour. Mais alors qu’il a été nommé chef du gouvernement dans le cadre du remaniement opéré par François Hollande, l’ex-premier flic de France n’a-t-il pas été trop vite, au risque de voir ses rêves d’Elysée tomber à l’eau ?

Seuls Georges Pompidou et Jacques Chirac ont réussi

En effet, si l’on en croit le parcours de ses prédécesseurs, Manuel Valls a pris de gros risques en acceptant la proposition de François Hollande. Avant lui, seuls Georges Pompidou et Jacques Chirac ont réussi à passer de Matignon à l’Elysée. Toutes les autres Premiers ministres de la Ve République ayant vu leur carrière s’arrêter après un mandat de chef du gouvernement. La barre est donc placée haut pour l’ancien premier flic de France, lequel va devoir faire ses preuves et redoubler d’ambition pour  atteindre l’objectif qu’il s’est fixé. Le pari n’est donc pas gagné d’avance, mais il n’est pas perdu non plus.

Le "Sarko de gauche"D’autant que si l’on suit le raisonnement selon lequel Manuel Valls marche dans les pas de Nicolas Sarkozy à gauche de l’échiquier politique, le tout nouveau Premier ministre ne s’est fermé aucune porte. Outre son côté droitier, notamment en matière de politique d’immigration et de sécurité, il a en effet su s’imposer en tant que ministre de l’Intérieur, tout comme l’ancien président avant lui sous le gouvernement Raffarin. Au point que dans son propre camp, on le surnomme le "Sarko de gauche". Une comparaison qui ne déplaît visiblement pas au principal intéressé, lequel a confié au Point en septembre dernier : ça ne me "gêne pas si c’est une référence à son énergie et à sa combativité". Manuel Valls peut par ailleurs se rassurer en songeant qu’il était non seulement le ministre préféré des Français, mais également leur favori pour succéder à Jean-Marc Ayrault.De quoi le laisser espérer que son mandat de Premier ministre se déroulera sous de bons auspices et ne l’empêchera pas de gravir les derniers échelons jusqu’à l’Elysée.

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