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Le ministre de l'Intérieur essuie un tir de barrage politique. Depuis sa déclaration sur la manifestation du 26 mai, il fait l'objet de nombreuses critiques parfois très dures.

Gérard Collomb veut-il abolir le droit de manifester ?

Les retraités qui ont milité contre la hausse de la CSG sont-ils les complices des casseurs et des black blocs ? Sans viser spécifiquement les retraités, c’est en substance le postulat formulé par le ministre de l’Intérieur. A l’issue de la manifestation de samedi, la "marée populaire" voulue par Jean-Luc Mélenchon notamment, Gérard Collomb s’est fendu d’une déclaration qui passe mal. "Si on veut garder demain le droit de manifester, qui est une liberté fondamentale, il faut que les personnes qui veulent exprimer leur opinion puissent s’opposer aux casseurs et ne pas, par leur passivité, être complices de ce qui se passe", assure-t-il devant les caméras de BFMTV.

Le soir même, Benoît Hamon dénonçait les propos du ministre de l’Intérieur sur le plateau de BFMTV. Il juge "scandaleux" de mettre "sur les compte des manifestants le fait qu’il y ait des violences", comme le rapporte Libération. Selon lui, "la police doit protéger les manifestants au lieu de nous faire porter la responsabilité du comportement de quelques-uns, ultra-violents". D’autres personnalités à gauche rejoignent son analyse. C’est le cas du premier secrétaire du PS, Olivier Faure pour qui Gérard Collomb est "irresponsable". Côté organisations politiques, la France Insoumise est également montée au créneau, sur les plateaux mais aussi sur Twitter. Clémentine Autain y voit "un déni démocratique absolument inadmissible", par exemple.

Gérard Collomb : un appel à la démission formulé par les internautes

Toutefois, la contestation n’est pas seulement le fait des partis. De nombreux internautes se sont également indignés des propos du ministres. Certains vont jusqu’à demander sa démission et l’accusent d’incitation à la guerre civile. Il est parfois comparé à Manuel Valls dont il serait au moins aussi "dangereux", sinon plus.

A la suite des propos qu’il a tenus, le ministre de l’Intérieur s’est donc fait "torpiller" par le peuple de gauche, comme le titre Libération qui y verrait une forme de chantage au droit de manifestation , une assimilation des casseurs aux manifestants qui voudraient revendiquer des avancées sociales, contester la politique gouvernementale. Néanmoins, pour certains observateurs, réduire les casseurs à de simples ados en crise serait passer à côté du message politique qu’ils exprimeraient au travers de cette violence. A la suite des premières réunions du mois de mai, un black bloc assurait rejeter "tout autant le PS que La France insoumise". Cependant, pour lui, il y avait clairement un "socle fédérateur d’inspiration anarchiste, anticapitaliste" et donc politique.